Noyade en eau douce, de Ross Macdonald
Deuxième épisode des aventures de Lew Archer qui paraissent dans une nouvelle traduction chez Gallmeister, Noyade en eau douce entraîne une nouvelle fois ce détective dur à cuire mais qui cherche à tout prix à éviter la bagarre dans la bonne société de Californie du Sud. Contacté par Maude Slocum, femme adultère d’un riche héritier dont la mère veille jalousement sur la fortune en même temps qu’elle repousse les offres des compagnies pétrolières qui ont trouvé un gisement sur sa propriété, Lew Archer doit initialement mettre la main sur un corbeau. Très vite, avec la mort de la vieille Madame Slocum, retrouvée noyée dans la piscine, c’est après un meurtrier qu’il va se mettre à courir.
Nul doute que dans ce deuxième volet, Ross Macdonald commence déjà à prendre son rythme de croisière. Lew Archer gagne en épaisseur en même temps qu’il apparaît encore plus cynique et incisif, et l’intrigue se complexifie encore.
Macdonald multiplie les fausses pistes et surtout les faux-semblants, laissant son lecteur errer aux côtés d’Archer d’un suspect à une éventuelle victime, tous n’étant pas forcément ce qu’ils paraissent être et tout le monde ayant au fond quelque chose à se reprocher.
C’est dans l’ensemble malin même si l’on sent parfois que les fils de l’intrigue sont à la limite de la rupture ou d’un emmêlement définitif. Mais Macdonald sait en jouer, tout comme des symboles psychanalytiques qui parsèment le récit d’une manière flagrante (assez en tout cas pour que même le chroniqueur inculte en la matière puisse les voir) sans pour autant l’alourdir. Au contraire, à l’image de cette scène où Archer plonge dans un banc de varech, ils nous éclairent utilement sur les caractères de personnages dotés d’une véritable profondeur.
Portrait d’une société – celle de la Californie du Sud du début des années 1950 – en pleine mutation mais dans laquelle les plus aisés apparaissent encore bien corsetés par des conventions sociales propres à masquer – bien mal – leurs écarts ou leur mal-être, Noyade en eau douce est un bon roman policier, à l’image de cette société : classique par bien des aspects en même temps que profondément novateur par d’autres.
Ross Macdonald, Noyade en eau douce (The Drowning Pool, 1950), Gallmeister, coll. Totem, 2012. Traduit par Jacques Mailhos.
Du même auteur sur ce blog : Cible mouvante ; À chacun sa mort ; Le sourire d'ivoire ; Trouver une victime ;