Le chœur des paumés, de Gene Kerrigan

Publié le par Yan

le-choeur-des-paumes-p.jpgLe garda John Mills aimerait bien savoir qui l’homme catatonique qu’il a retrouvé perché sur le rebord d’un immeuble le corps et les vêtements recouverts d’un sang qui n’est pas le sien a bien pu tuer. Dixie, jeune veuve héroïnomane voudrait retrouver son fils que les services sociaux lui ont enlevé. Lar Mackendrick, gros bonnet de la pègre de Dublin meurt d’envie de mettre la main sur la balance qui donne des informations sur ses affaires aux flics. Joshua Boyce, braqueur à la petite semaine espère enfin réussir un gros coup en s’attaquant à une bijouterie prometteuse.

Le titre est explicite et c’est donc un roman choral qu’a écrit Gene Kerrigan. Un chœur de gagne-petit, de minables qui n’ont pas pu ou su profiter de l’incroyable croissance économique de l’Irlande du début des années 2000. Et au milieu de ce désarroi, un chef de chœur, le lien entre tous ces destins : Harry Synnott, un garda qui se veut intègre, un incorruptible qui met un point d’honneur à ce que les méchants soient punis, y compris lorsqu’ils font partie de ses collègues… un flic qui se verrait bien en costume de justicier.

Une fois encore, Gene Kerrigan entreprend de mettre à mal le cliché de la nouvelle Irlande, du « tigre celtique », en nous plongeant dans un quotidien grisâtre bien loin des tours de verre des entreprises multinationales. Dans son premier roman déjà, À la petite semaine, Kerrigan s’accrochait aux basques des petits truands sans avenir avec noirceur et humour. La noirceur est toujours là dans ce second roman, mais l’humour s’est estompé et ce sont autant d’histoires pathétiques que de personnages qui se déroulent sous les yeux du lecteur. Pessimiste, Le chœur des paumés nous montre des personnages qui ont cessé de croire en la justice face à d’autres qui y croient trop. Et le lecteur de savoir que, inéluctablement, la morale ne sera pas sauve et que personne, dans un tel contexte, ne pourra trouver sa rédemption.

Gene Kerrigan, Le chœur des paumés (The Midnight Choir, 2006), Le Masque, 2008. Rééd. Folio Policier, 2012. Traduit par Frank Reichert.

Du même auteur sur ce blog : À la petite semaine ; L’impasse.

Publié dans Noir irlandais

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