La loi des Wolfe, de James Carlos Blake
Après la mise en scène de légendes de l’ouest comme James Wesley Hardin (L’homme aux pistolets), du banditisme (Red Grass River) ou de la révolution mexicaine (Les amis de Pancho Villa), les sagas familiales (Un monde de voleurs, Crépuscule sanglant, Red Grass River encore), et les aventures au bord de la frontière américano mexicaine (Crépuscule sanglant, toujours, Dans la peau), James Carlos Blake revient avec ce dernier roman sur au moins deux de ses thèmes de prédilection en mettant en scène une famille de contrebandiers œuvrant entre États-Unis et Mexique. Avec une nouveauté cependant, puisqu’il s’agit du premier roman de Blake se déroulant de nos jours[1].
La loi des Wolfe dont parle le titre est on ne peut plus simple : on peut entrer dans l’entreprise familiale, et en particulier ses activités illégales, à condition d’avoir obtenu un diplôme universitaire. Une règle que se refuse à suivre Eddie Gato, jeune adulte impétueux rêvant d’aventures hors la loi et qui s’est finalement exilé au Mexique où il a fini par trouver un emploi de gardien d’une propriété appartenant au chef d’un cartel. Mais la fougue d’Eddie lui joue des tours… et le voilà obligé de fuir avec la maîtresse du frère du patron et avec les hommes du cartel à ses trousses. Un seul espoir : passer la frontière et, peut-être, pouvoir compter sur la solidarité familiale des Wolfe.
S’il n’abandonne pas complètement le souffle épique qu’il nous a habitué à trouver dans ses romans, en particulier à travers les récits de Rudy Wolfe et le personnage de la matriarche Catalina qui permettent de connaître intimement un partie de l’histoire et du fonctionnement de la famille, James Carlos Blake choisit plutôt ici de jouer sur la corde de l’action tendue. Ménageant ses effets et habile à faire monter la tension, il nous livre là un roman à suspense, un récit de cavale, particulièrement maîtrisé et prenant, dont la tension ne se relâche jamais. Cela grâce à l’alternance des points de vue, passant d’Eddie et Miranda au chef du cartel, aux hommes de mains de ce dernier ou à Rudy et Frank en route pour tenter de retrouver Eddie avant les autres.
Et puis, si le roman est relativement court avec moins de 300 pages, Blake réussit à dresser en filigrane un portrait sans fard d’un Mexique sous la coupe des cartels où règne une violence extrême et à parler, sans pathos mais de manière saisissante, du sort des candidats à l’immigration vers les États-Unis.
Tout cela fait que, sans pour autant avoir l’ampleur d’un Crépuscule sanglant ou des Amis de Pancho Villa, La loi des Wolfe apparait comme un roman intense alliant le divertissement lié à cette action palpitante à une réflexion amère sur la frontière. Bref, une nouvelle fois un excellent livre d’un auteur qui gagnerait à être plus connu et reconnu chez nous qu’il ne l’est encore.
James Carlos Blake, La loi des Wolfe (The Rules of Wolfe, 2013), Rivages/Thriller, 2014. Traduit par Emmanuel Pailler.
Du même auteur sur ce blog : Crépuscule sanglant ; Red Grass River ; La maison Wolfe ; Handsome Harry ;
[1] Il semble toutefois qu’il s’agisse d’une sorte de suite à une saga familiale historique mettant en scène les aïeux des Wolfe de ce roman, Country of the Bad Wolfes, paru en 2012 et dont, comme pour d’autres romans antérieurs de JC Blake, on ne peut qu’espérer qu’il sera bientôt traduit chez nous.