La disparition soudaine des ouvrières, de Serge Quadruppani
Après Saturne, on retrouve la commissaire Simona Tavianello et son mari, le questeur à la retraite Marco, en villégiature dans les vallées alpines du Piémont. C’est là que, parti acheter du miel, le couple découvre un cadavre dont il apparaît bien vite qu’il a été abattu avec l’arme de service de Simona. Près de lui, un tract à propos d’une mystérieuse « révolution des abeilles ». Entre soupçons d’éco-terrorisme et de manipulations menées par des consortiums agroalimentaires avec l’aide des autorités, la commissaire hédoniste va découvrir dans cette vallée un drôle de biotope.
Comme dans le précédent volume mettant en scène son héroïne, Serge Quadruppani allie ici la préoccupation citoyenne en partant du Colony collapse disorder qui touche les colonies d’abeilles et défraie la chronique depuis quelques années, et la légèreté d’un récit vantant les bienfaits de l’épicurisme. Bonne cuisine, alcools savoureux et érotisme latent côtoient ainsi un sujet plus grave dans lequel l’auteur choisit clairement son camp. Un peu fantasques, certes, les écologistes présentés ici ne sont pas la menace. Celle-ci vient plutôt de la collusion des milieux d’affaires œuvrant pour l’industrie agroalimentaire ou biotechnologique avec les services corrompus de l’État.
Peut-être un peu manichéen, La disparition soudaine des ouvrières n’en pose pas moins intelligemment un sujet sérieux servi par une intrigue et une galerie de portraits truculents qui le sont moins et permet de faire réfléchir le lecteur tout en le divertissant. Si l’on y ajoute l’élégance que nous avons déjà pu vanter ici de la plume de Serge Quadruppani, on se trouve là face à un roman des plus agréables à picorer tout en s’adonnant au farniente.
Serge Quadruppani, La disparition soudaine des ouvrières, Le Masque, 2011. Rééd. Folio Policier, 2013.
Du même auteur sur ce blog : Saturne ; Colchiques dans les prés ; Madame Courage ;