Breaking Bad, Saison 1
Depuis le temps qu’on en entendait parler, il était temps que l’on se décide à regarder enfin la première saison de Breaking Bad, série qui en arrive aujourd’hui à sa cinquième saison.
Autant le dire tout de suite, on n’a pas été déçu. Il est de coutume d’affirmer que la saison la plus casse-gueule pour une série est la deuxième. C’est oublier que – même si les contre-exemples pullulent – la première l’est encore plus, parce que si elle est complètement ratée, elle n’aura pas l’occasion de se sauver l’année suivante.
En l’occurrence, la saison 1 de Breaking Bad est un modèle de réussite. Si elle ne démarre pas sur les chapeaux de roues, elle capte dès les premières images du premier épisode l’attention du spectateur. Que fait donc ce type en slip kangourou avec un masque à gaz sur la tête à rouler comme un taré au volant d’un camping car vétuste au milieu du désert ?
Cet épisode qui revient sur les semaines qui précèdent ce début intriguant et tonitruant nous présentera donc Walter White, professeur de chimie dans un lycée d’Albuquerque, qui tire le diable par la queue et doit avoir un second emploi dans une station de lavage de voiture pour subvenir aux besoins de sa famille : sa femme, Skyler, qui rêve de publier un livre et qui est enceinte, et son fils, Walter Jr, handicapé. Et Walter d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer incurable. Dès lors, acculé, il cherche la meilleure des solutions pour assurer l’avenir de sa famille. À l’occasion d’une descente de police contre un laboratoire de méthamphétamine dans laquelle il accompagne, comme spectateur, son beau-frère agent de la DEA, Walter va croiser un ancien élève et décider de se lancer avec lui dans la production de crystal meth. Mais il va rapidement s’apercevoir que le fait d’être un excellent chimiste ne suffit pas dans ce business, et que l’on y croise des gens dangereux.
C’est à tout cela que se consacre exclusivement ce premier épisode, les suivants faisant place aux tergiversations de Walter, à ses hésitations à poursuivre dans cette voie et à sa rencontre brutale avec la violence qu’il va devoir lui-même exercer.
Brave type écrasé plus par une famille étouffante et par la crise que par son cancer, Walter White se décide à prendre son destin en main. C’est finalement l’histoire d’une libération que nous conte cette première saison qui voit, dans sa dernière partie, le rythme s’accélérer en même temps que Walter révèle une nature bien plus pugnace que pouvaient nous le laisser penser les premiers épisodes.
Bien entendu, cette sorte de renaissance du héros qui le voit s’accomplir en devenant le super-chimiste qu’il aurait pu être s’il n’avait décidé de se tourner vers l’enseignement, comporte sa face sombre et, lorsqu’il devra affronter Tuco, le maître du trafic de meth de la région, un psychopathe accompli, on se demandera parfois lequel des deux est le plus inquiétant. Poussé dans ses derniers retranchements par sa situation, Walter White prend l’apparence d’un véritable héros de tragédie antique inspirant à la fois la crainte et la pitié, innocent mais emporté par son hybris – démesure résumée en un dialogue du dernier épisode de la saison lorsque Jesse, son acolyte, lui demande de combien il a besoin et que Walter lui répond tout simplement « plus » – on peut se demander dans quelle mesure, en fin de compte, il est responsable de ses actes, devenant en quelque sorte le jouet des dieux que sont ici la finance et les marchés qui l’ont précipité, lui et ses semblables, dans la crise.
Tout cela est joué aux petits oignons, en particulier par un Bryan Cranston (Walter White) bien loin de son rôle de papa de Malcolm, et porté par un montage inventif et l’on comprend maintenant pourquoi nos ami(e)s se pâment depuis quelques années devant Walter White. En espérant que les saisons suivantes seront à la hauteur de la première.
Voir aussi : Breaking Bad, saison 2 ; Breaking Bad, saison 3 ; Breaking Bad, saison 4 ; Breaking Bad, saison 5, première partie ;