Breaking Bad, saison 4
La saison 3 s’achevait sur un cliffhanger de haute volée qui voyait Walt et Jesse en bien mauvaise posture après des négociations un peu trop poussées avec leur nouveau patron, Gus Fring.
L’antagonisme entre Walt et Gus vire dans cette nouvelle saison à la guerre froide, Jesse jouant le rôle d’une Allemagne partagée entre les deux blocs ou d’une Cuba où chacun voudrait installer ses missiles.
On avait déjà relevé, à propos de la première saison, combien Walter White revêtait l’habit d’un personnage de tragédie antique emporté par son hybris – sa démesure et son orgueil. Cela n’a jamais été aussi vrai que dans cette saison 4 où ce trait de caractère le pousse à provoquer un Gus face auquel il refuse d’abdiquer et d’admettre son infériorité en terme d’intelligence tactique, mais aussi à aiguiller son beau-frère Hank sur sa propre piste afin que Gale Boetticher, l’autre chimiste de Fring, ne soit pas crédité par la DEA de ce qu’il considère finalement comme son chef-d’œuvre : la fameuse métamphétamine bleue.
Jesse Pinkman, l’acolyte de Walter qui a peu à peu laissé paraître ses fêlures, passe cette saison à la recherche d’un père de substitution. Face à un Walter instable et proche de la mégalomanie, la tentation est forte d’aller chercher cette figure paternelle chez Mike Ehrmantraut, l’homme de main de Gus Fring, ou chez Gus lui-même, qui cherche à isoler Walter.
Dans cette partie d’échecs à laquelle se livrent Gus et Walt, et durant laquelle Gus n’hésitera pas à sacrifier ses pions là où Walter tendrait à vouloir les préserver (encore que…) la seule pièce indépendante capable de faire bouger les lignes et, peut-être, de faire chuter Walt n’est autre que sa femme, Skyler. Au courant des activités de son mari et décidée à blanchir son argent mais aussi à punir Walt en tapant au portefeuille, elle se révèle faussement innocente et vraiment irritante, tant pour son époux que pour le spectateur.
Parfois répétitive au point que l’on arrive à se demander si les scénaristes n’useraient pas un peu trop de certaines ficelles comme les révélations faites par un Walter dans un état second, l’utilisation récurrente du poison ou l’affligeante propension des personnages à répéter éternellement les mêmes erreurs (mais n’est-ce pas aussi la marque de leur humanité ?), cette quatrième saison instille malgré tout doucement une tension de plus en plus forte jusqu’au feu d’artifice final et s’achève en laissant en suspens de nombreuses questions : à propos de la relation entre Jesse et Walter, du cancer de Walter (quasi totalement absent de cette saison à l’exception d’un rendez-vous de routine dont on ne connait pas les résultats, et de quelques quintes de toux suspectes), de la capacité de Skyler à porter le poids du secret qui la lie désormais à son mari…
Reste à savoir si la cinquième et ultime saison voudra bien y répondre ou s’achèvera en laissant des zones d’ombres définitives.
Voir aussi : Breaking Bad, saison 1 ; Breaking Bad, saison 2 ; Breaking Bad, saison 3 ; Breaking Bad, saison 5, première partie ;