La dent du serpent, de Craig Johnson

Publié le par Yan

Fidèle au poste, Craig Johnson revient avec son enquête de Walt Longmire annuelle. Après un détour dans la réserve indienne dans À vol d’oiseau, le shérif du comté d’Absaroka se trouve cette fois confronté à une autre communauté. Après avoir interpellé un jeune fugueur, Longmire s’aperçoit en en effet lorsqu’il veut retrouver ses parents, que l’adolescent a été exclu d’une communauté de mormons dissidents dont le refus de tout contact avec l’extérieur s’exprime par la présence de portails cadenassés, de miradors et de gardes armés. Bien vite, toutefois, Walt Longmire va se rendre compte que les motifs de l’installation de cette communauté qui semble vouloir acheter de nombreux terrains ne sont pas seulement religieux.

Si l’enquête qui constitue la colonne vertébrale de ce roman de Craig Johnson ne brille pas forcément par son originalité – on pense notamment à quelques volumes de la série que C. J. Box consacre au garde-chasse Joe Pickett – même si elle demeure efficace, La dent du serpent vaut surtout pour ses personnages secondaires. D’abord parce que l’on s’attache depuis quelques années à l’équipe de Longmire et à son ami Henry Standing Bear et que l’on se plaît à les voir évoluer, vieillir… vivre tout simplement leur vie. Ensuite parce que, de Double Tough l’adjoint increvable qui prend ici de l’importance au mystérieux Orrin Porter Rockwell avec lequel, encore une fois, il joue à promener son shérif aux limites du fantastique, Craig Johnson sait construire des personnages solides et intrigants qui fascinent le lecteur.

Et si Johnson sacrifie bien entendu aux moments de bravoures – affrontements, poursuites et autres duels au soleil – qui viennent rythmer le récit, il sait aussi créer l’intimité. Il met ainsi en place des scènes qui n’ont l’air de rien, comme un visionnage de Mon ami Flicka ou une discussion sur l’importance des livres qui, contrairement aux simples faiseurs, font de lui un auteur qui confère une âme à ses personnages et sait trouver ce qui peut rendre précieux un moment banal.

Pour cela, et même s’il n’est certainement pas le meilleur roman de la série, avec un dénouement que l’on voit arriver d’assez loin, La dent du serpent n’en demeure pas moins un livre que l’on lit avec un plaisir même pas coupable.

Craig Johnson, La dent du serpent (A Serpent’s Tooth, 2013), Gallmeister, 2017. Traduit pas Sophie Aslanides. 371 p.

Du même auteur sur ce blog : Le camp des morts ; L’indien blanc ; Enfants de poussière ; Dark horse ; Molosses ; Tous les démons sont ici ; Steamboat ; À vol d’oiseau ;

Publié dans Noir américain

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P
Tout à fait d'accord! pas forcément le meilleur mais quel plaisir de les retrouver à chaque épisode et toujours ce supplément d'âme qui lui est propre.
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