Une femme seule, de Marie Vindy
Marianne Gil, écrivain, vit seule dans une grande propriété en Haute-Marne. C’est là qu’un matin de janvier, Joël, le vétérinaire qui s’occupe de ses chevaux lorsqu’elle est absente, découvre le cadavre d’une jeune fille.
Chargé de l’enquête, le capitaine de gendarmerie Francis Humbert, va devoir se pencher sur les zones d’ombre du passé de Marianne, cette femme seule, à la beauté troublante, qui semble expier dans l’isolement, l’écriture et l’alcool, un secret bien difficile à porter.
Pas de suspense haletant ni de scènes d’actions fracassantes dans ce roman. Juste une enquête sur un fait divers glauque menée avec minutie, une rencontre entre deux êtres esseulés et le fardeau des convenances qui voudrait écraser ceux qui ne veulent pas s’y plier. Car, plus que la recherche d’un coupable – que l’on suit par ailleurs avec intérêt même si nos soupçons ne peuvent que se tourner assez vite vers l’un des protagonistes – ce qui compte dans ce livre de Marie Vindy, c’est la mise en place d’une atmosphère pesante, dans un lieu qui nous apparaît gris et froid et singulièrement dénué de chaleur humaine.
Dans cette atmosphère vaguement chabrolienne qui voit ressurgir les secrets enfouis d’une famille bourgeoise qui a cherché à étouffer un scandale quitte à se couper définitivement de son enfant, l’auteur déroule donc une intrigue sans grande surprise, certes, mais finalement prenante. Car, en fin de compte, cette enquête est surtout le prétexte à évoquer le poids des non- dits et la difficulté à briser le carcan de son milieu (pour Marianne qui cherche à briser celui de sa famille aisée mais aussi de celui du show-biz faussement rebelle dans lequel elle s’est égarée) ou de sa fonction (pour Francis Humbert, gendarme fraîchement divorcé miné par la vie de caserne et qui cherche à sa façon à s’affranchir du cadre rigide de son métier) pour pouvoir se réaliser.
On pourra peut-être reprocher à Marie Vindy un côté fleur bleue et des personnages parfois stéréotypés pour les uns ou un peu trop laissés de côté pour les autres (Ladro, le collègue d’Humbert qui aurait sans doute mérité une plus grande place, ou Karine, la femme de Joe), mais il n’en demeure pas moins qu’elle mène efficacement sa barque en créant un beau roman d’atmosphère avec des héros qui n’en sont pas vraiment. Cette façon de parler de gens finalement ordinaires à travers le prisme d’un fait divers tout aussi ordinaire s’avère assez maline et plutôt réussie. Un auteur à suivre.
Marie Vindy, Une femme seule, Fayard Noir, 2012.
Du même auteur sur ce blog : Cavales ;