Cavales, de Marie Vindy

Publié le par Yan

cavalesPlus de deux ans après Une femme seule, on retrouve aujourd’hui les deux héros de Marie Vindy, l’écrivain Marianne Gil et le gendarme Francis Humbert.  Si Marianne est bien là et, d’une certaine manière, participe à l’enquête, c’est ici Francis Humbert qui occupe le devant de la scène. Lancé à la poursuite d’un braqueur qui, après avoir tué un gendarme, est soupçonné d’avoir fui en prenant une femme en otage, le capitaine Humbert, encore en délicatesse avec sa hiérarchie, découvre peu à peu que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles peuvent le paraître.

Une première victime dont la mort risque de faire apparaître un comportement privé peu reluisant, une deuxième qui est peut-être consentante et, par-dessus le marché des histoires personnelles difficiles à gérer, Marie Vindy propose ainsi un livre proche d’un quotidien qu’en tant que fait-diversière elle connaît de près. Pas besoin ici d’aller monter une intrigue tirée par les cheveux ou de mettre en scène des superflics affrontant un tueur retors. Pour la romancière, ces histoires tragiques du quotidien qui virent parfois au drame et font la une des informations régionales et rarement plus, en disent déjà beaucoup sur l’état de notre société.

En suivant pas à pas une affaire dans laquelle les considérations personnelles viennent parfois parasiter le travail des enquêteurs et où ces derniers, malgré leur travail, peinent à ne pas toujours avoir un temps de retard – bref, la réalité telle qu’elle est – Marie Vindy, par petites touches, met en avant des sujets qui lui tiennent à cœur sans pour autant faire de son livre un manifeste. Ainsi chacune des femmes que l’on suit ici, Marianne bien entendu, mais aussi la veuve du gendarme abattu, Solène, prise en otage ou encore Betty l’enquêtrice, se trouve ou s’est trouvée à un moment confrontée à la violence d’un homme qu’elle soit directement physique ou plus insidieuse, due au vice ou à la bêtise crasse (et Marie Vindy construit d’ailleurs en la matière un très bon personnage d’abruti).

Ces cavales, fuites en avant ou tentatives de se fixer enfin rythment ce roman qui, comme le précédent, n’a rien de foncièrement trépidant ou spectaculaire mais dans lequel Marie Vindy, avec finesse, fait progressivement monter la tension pour arriver à ce que nos camarades nantais de Fondu au Noir appellent un « polamour » réussi dans lequel les considérations sentimentales sont bien là sans pour autant alourdir le roman et sans non plus verser dans la guimauve jusqu’à un dénouement poignant.

Marie Vindy, Cavales, La Manufacture de Livres, 2014.

Du même auteur sur ce blog : Une femme seule.

Publié dans Noir français

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