Paul le Poulpe ? D’amour et dope fraîche, de Caryl Férey et Sophie Couronne
Gabriel Lecouvreur est dans les Pyrénées et découvre les joies de la thalassothérapie et des salades de tofu dans un centre de cure qui tient plus du stalag 13 de Papa Schultz que de la véritable colonie de vacances. Lors d’une escapade dans la nature, il voit un homme nu dévaler la pente à tout blinde sans que qui que ce soit le poursuive, et finir au fond d’un ravin. Il ne va pas tarder à apprendre qu’à quelques kilomètres de là, à Font-Romeu, les athlètes français préparent les Jeux Olympiques.
Pendant ce temps, à Paris, Chéryl, partie à la recherche de sa stagiaire, est retrouvée à moitié nue sur un trottoir après avoir été droguée et sans doute violée ; ce qui n’est pas pour la mettre de bonne humeur.
À quoi peut tenir un roman… En l’occurrence, à une finale de 100 mètres où Husein Bolt a terminé la course en trottinant, après avoir mis dans le vent tous ses adversaires. De quoi titiller l’imagination de Caryl Férey.
On retrouve donc le Poulpe et sa copine Chéryl. Le Poulpe, cette fois, c’est Caryl Férey, tandis que Chéryl, c’est Sophie Couronne. Chacun de leur côté, ils mènent leurs enquête respectives. Par curiosité et une furieuse envie d’échapper à son centre de thalasso pour Gabriel ; par esprit de vengeance pour Chéryl. Comme de bien entendu, les deux intrigues finiront par ne faire qu’une.
La première partie du roman assure le minimum syndical. On retrouve les personnages habituels et les jeux de mots plus ou moins réussis, et le lien entre les deux histoires tient aux lettres échangées par Gabriel et Chéryl. Si la curiosité du lecteur est éveillée, on ne peut pas pour autant dire que les intrigues soient particulièrement palpitantes.
Il faut attendre la seconde moitié du livre pour que le grain de folie semé au début commence à éclore. Et l’on entre alors rapidement dans une aventure totalement débridée, hautement burlesque et particulièrement réjouissante. À elle seule, la scène de la conférence de presse du ministre des Sports Bernard Lapoutre vaut le détour. D’autant que la ressemblance tout à fait fortuite avec un autre Bernard ministre des Sports, nous permet d’entendre et de visualiser ladite scène. On n’a d’ailleurs pas de mal non plus à imaginer à quoi doit ressembler, fortuitement toujours, Nicolas, le fils érotomane du ministre.
Bref, ce qui n’aurait pu être qu’un Poulpe de plus, apparaît en fin de compte comme un volume bien azimuté. Un plaisir.
Caryl Férey et Sophie Couronne, D’amour et dope fraîche, Baleine, Le Poulpe n° 258, 2009.
Du même auteur sur ce blog : La jambe gauche de Joe Strummer ; Mapuche ; Plus jamais seul ;