La Havane Noir

Publié le par Yan

lahavanenoirQuelques mois après Haïti Noir, retour dans les Caraïbes avec les éditions Asphaltes pour un nouveau recueil de nouvelles noires. Comme de coutume – est-il besoin de le préciser ? – l’exercice promet une belle variété parmi les 18 nouvelles proposées et, bien entendu, une qualité variable même si l’ensemble est indéniablement de grande qualité.

Qualité donc, mais aussi cohérence dans ce livre qui s’ouvre par une nouvelle aux frontières du fantastique dans laquelle Miguel Mejides met en scène une communauté de nains régnant sur les égouts de la ville et, partant, sur la ville elle-même, et qui pose les grandes thématiques récurrentes du recueil : la ville comme une entité maléfique prête à dévorer ses enfants, la pauvreté devenue endémique, les arrangements illégaux malgré la surveillance constante, le paganisme et le rêve de la Yuma comme on appelle là-bas les États-Unis.

Du poignant  Dîner de Carolina García-Aguilera à l’étonnant Zenzizenzizenzic d’Achy Obejas qui nous apprend l’existence d’étrangers de compagnie en passant par la désespérante Septième tentative de Johnny Ventura de Pablo Medina, tous les auteurs de ce recueil mettent en avant la misère du peuple, le système D qui va avec et, souvent, la marchandisation des corps. S’il y a parfois de l’amour, le sexe, omniprésent, reste le plus souvent un moyen d’avilir ou de gagner de quoi vivre… pas même de quoi pouvoir concrétiser le rêve d’une Amérique si proche et si lointaine, repoussante et irrésistiblement attirante.

Lire La Havane Noir, ça n’est pas s’offrir un billet vers l’insouciance tropicale, mais vers un abîme peuplé de personnes, bonnes ou mauvaises mais toutes forcées de plier sous le joug d’une écrasante misère. Cela n’empêche pas quelques rayons de soleil de percer et l’humour de transparaître souvent mais, indéniablement, voilà un des recueils les plus sombres de cette série.

La Havane Noir (Havana Noir, 2007), Asphalte, 2013. Traduit par Olivier Hamilton et Marthe Picard.

Publié dans Noir latino-américain

Commenter cet article