Gros problème, de Dave Barry
Il est dorénavant établi que la Floride est un nid à histoires bizarres. Charles Willeford, Elmore Leonard et, surtout, Carl Hiaasen et Tim Dorsey nous l’ont prouvé. Dave Barry vient lui aussi porter sa pierre à l’édifice par le biais d’un roman joyeusement déjanté mettant en scène la rencontre explosive d’une flopée de personnages que tout sépare : un journaliste reconverti dans la publicité minable, un cadre alcoolique et accro au jeu travaillant pour une société d’escrocs aux méthodes expéditives, des anciens soldats de l’Armée Rouge reconvertis dans le trafic d’armes, un clochard installé dans un arbre, un chien en guerre contre un crapaud buffle, un policier adepte de la musculation, des tueurs à gages malchanceux, des agents du FBI borderline…
On approche donc là de la recette exploitée avec succès et talent par Hiaasen et Dorsey. Et, dans l’ensemble, cela fonctionne aussi avec Dave Barry. Les portraits sont assez savoureux, les situations loufoques mais crédibles, et le rythme trépidant. On regrettera peut-être une certaine propension de l’auteur à s’attarder sur une histoire sentimentale naissante qui n’apporte pas forcément grand-chose au récit et le ralentit même parfois, ainsi qu’une tendance à réfréner ses délires quand il gagnerait à les pousser un peu. Comme s’il avait tant craint de dépasser la limite de la crédibilité qu’il s’était senti obligé de se brider.
Il n’en demeure pas moins que, dans le genre polar floridien loufoque, Gros problème se révèle être une œuvre honnête, un divertissement agréable qui nous offre quelques éclats de rire et nous fait sourire le reste du temps. Ça tombe bien, il y fort à parier que l’auteur ne désirait rien d’autre et on ne lui en demandait pas plus de notre côté.
Dave Barry, Gros problème (Big trouble, 1999), Presses de la Cité, 2001. Rééd. Pocket, 2003. Traduit par Hubert Tézenas.