L’exutoire idéal : Carl Hiaasen
Qui n’a pas déjà eu envie de : trucider un assureur, insulter un démarcheur téléphonique, faire mourir dans d’atroces – mais marrantes – souffrances un skinhead, dégager sans ménagement un témoin de Jehova, faire manger à un pollueur les canettes et papiers gras qu’il jette depuis sa voiture, égarer définitivement un touriste malpoli dans un marécage, réduire en cendre un lotissement ou un immeuble construit dans une réserve naturelle ?
Si vous aussi vous avez eu à un moment ou un autre le sentiment frustrant de devoir respecter un semblant de retenue pour maintenir le contrat social qu’un crétin dégénéré piétinait allègrement devant vous, alors, plutôt que de ressasser tout cela en vous rongeant les ongles ou en coupant du bois à la hache, lisez donc un roman de Carl Hiaasen, cela vous fera le plus grand bien.
En plus, vous aurez l’occasion de rencontrer : le tueur le plus laid du monde, un rhinocéros cacochyme, un ancien gouverneur borgne vivant dans les bois, un ours alcoolique pilote d’avion, un labrador qui pense, un ancien mafieux bénéficiant du programme de protection des témoins reconverti dans la direction de parc d’attractions aquatiques de récupération, un barracuda amateur de montres de luxe, un adepte du mystérieux culte de Chango…
Ça part dans tous les sens, ça dénonce sans pour autant faire la morale, c’est aussi violent qu’hilarant, c’est la Floride de Carl Hiaasen. Une Floride qui ressemble tant à celle de Tim Dorsey que l’on croit volontiers qu’au fond tout cela n’est peut-être pas si romancé que ça. Surtout lorsque l’on sait que Dorsey a été journaliste à Tampa et Talahassee tandis que Hiaasen est accessoirement éditorialiste au Miami Herald.
Voilà donc de quoi lire et sourire cet été (sélection totalement partielle et partiale, n’hésitez donc pas à vous jeter sur n’importe lequel des livres de Carl Hiaasen, même s’il ne figure pas dans la liste ci-dessous):
Carl Hiaasen, De l’orage dans l’air, Denoël, 1999. Rééd. Pocket, 2000. Traduit par Yves Sarda. Les tribulations d’une bande d’escrocs, d’un assureur, d’un publicitaire et d’un gérant de zoo après le passage de l’ouragan Andrew.
Carl Hiaasen, Jackpot, Denoël, 2000. Rééd. 10/18, 2005. Traduit par Yves Sarda. La jeune et séduisante JoLayne a gagné le gros lot de la loterie. Chub et Bode aussi, et ils ne veulent pas partager. Chub et Bode sont des néonazis membres des « Aryens au blanc Buccin ». JoLayne est noire. Mais elle ne compte pas se laisser faire.
Carl Hiaasen, Mal de chien, Denoël, 2001. Rééd. Pocket, 2003. Traduit par Yves Sarda. Un jeune millionnaire écolo décide s’en prendre à un magnat de l’immobilier en enlevant son labrador.
Carl Hiaasen, Queue de poisson, Denoël, 2006. Rééd. 10/18, 2006. Traduit par Yves Sarda. Chaz Perrone, biologiste marin corrompu et mari infidèle, a décidé de se débarrasser de sa riche épouse en la faisant passer par-dessus bord durant une croisière romantique. Malheureusement pour lui, elle s’en sort et n’envisage pas d’appeler la police pour se venger de son mari qui la croit morte.
Carl Hiaasen, Croco-deal, Denoël, 2008. Rééd. 10/18, 2010. Traduit par Yves Sarda. Insultée par un démarcheur téléphonique qui a interrompu son dîner, Honey, militante écolo cyclothymique vivant dans les Everglades, décide de retrouver l’importun basé au Texas pour obtenir des excuses circonstanciées. Cela va vite déraper…