DOA : La ligne de sang
Cela faisait un moment que ce roman m’attendait. Ce n’est pas sans appréhension que j’ai commencé à le lire. Réédité récemment en Folio Policier, La ligne de sang est le deuxième roman, qui était devenu quasiment introuvable – tout comme le premier d’ailleurs, Les fous d’avril – de DOA. Le lecteur méfiant – je le suis et je l’assume – pouvait donc voir dans cette réédition d’un roman dont l’auteur, rencontré à l’occasion d’un passage dans une librairie pour la présentation du Serpent aux mille coupures, ne semblait pas particulièrement satisfait, un moyen pour Gallimard de surfer sur la vague des derniers succès de DOA en ressortant une œuvre mineure. Mais revue par l’auteur tout de même.
Mais, au fait, de quoi parle ce livre ? Un soir de septembre, le capitaine de police Marc Launay tombe sur un accident sur les hauteurs de la Croix-Rousse, à Lyon. Le lieutenant Priscille Mer est déjà en train d’effectuer les premières constatations : un motard renversé par une voiture et transporté à l’hôpital dans le coma. En voulant prévenir la compagne de la victime, Launay trouve un appartement dont la porte est ouverte est dont l’occupante a disparu. Une disparition qui ne semble inquiéter personne.
Quant au motard accidenté, il s’avère rapidement que son identité est trouble et qu’un silence inquiétant l’entoure.
Alors que cette affaire tourne vite à l’obsession pour Marc Launay, les deux officiers vont, de fil en aiguille, dérouler un écheveau qui ne fait que rendre plus inquiétant ce mystérieux motard, Paul Grieux, qui, même dans le coma, n’en finit pas de donner du fil à retordre au personnel de l’hôpital et de faire peser sur toute cette histoire une lourde et effrayante chape chargée de menaces.
Et bien je n’ai pas été déçu. On retrouve dans ce roman le souci de DOA de donner à ses romans une construction qui permette de fournir au lecteur mille détails, de lui faire découvrir une galerie de personnages bien campés et dont le portrait psychologique est finement dressé, sans pour autant le perdre dans les méandres de l’histoire ou le faire décrocher. Un pavé de 600 pages qui se lit finalement comme s’il en faisait moitié moins, sans que le plaisir de la lecture soit jamais réduit.
À cela vient s’ajouter une intrigue policière particulièrement glauque et sordide mâtinée de fantastique. Et là encore, DOA évite les écueils. Cela pourrait vite tourner au grand guignol mais l’auteur réussit à ne pas glisser sur ce versant, sans pour autant se dispenser de scènes particulièrement gratinées.
En clair, ce roman est, une fois encore, une réussite. Certes, les invraisemblances sont légion. Et alors ? Ce qui compte vraiment, n’est-ce pas ce frisson d’angoisse qui nous parcourt au moment où, dans un grand couloir vide, un grognement fantomatique se fait entendre ?
DOA, La ligne de sang, Gallimard, Folio Policier, 2010.
Du même auteur sur ce blog : Le serpent aux mille coupures ; L'honorable société ; Pukhtu Primo ; Pukhtu Secundo ;