Celui qui sait, de Ian McGuire

Publié le par Yan

On avait découvert Ian McGuire avec Dans les eaux du Grand Nord, roman à l’atmosphère tendue ponctué de scènes saisissantes. Le voilà de retour avec Celui qui sait. On quitte le huis-clos maritime pour un autre genre de société fermée, celle des féniens, ces Irlandais œuvrant pour l’indépendance de leur pays, à travers l’enquête menée James O’Connor, policier irlandais de Manchester chargé de les surveiller. L’arrivée en ville d’un fénien américain vétéran de la guerre de Sécession bien décidé à imposer un cycle de violence pousse la police mancunienne et plus particulièrement O’Connor dans ses retranchements.

La plongée dans les bas-fonds de Manchester au 19e siècle ne manque pas d’intérêt. C’est d’ailleurs là la réussite de McGuire que de faire éprouver l’atmosphère de brume et de crasse, les odeurs et les bruits. La découverte des groupes de féniens est tout aussi intéressante. Malheureusement, cela ne suffit pas à faire tout un roman.

La faute d’abord à un personnage principal, James O’Connor, dont l’apitoiement constant fait que l’on finit par se fatiguer de ses atermoiements. Quant aux autres personnages, y compris le grand méchant qu’est Stephen Doyle, le fénien américain, ils paraissent esquissés, manquent singulièrement d’épaisseur ou, tout simplement, à l’image du neveu d’O’Connor, ils semblent n’être là que pour donner un peu de matière à quelques scènes. L’intrigue ensuite, hachée par les considérations sur la vie personnelle d’O’Connor et son histoire impossible avec Rose Flanagan, traine en longueur sans que l’on sache vraiment où McGuire veut nous mener.

Tout cela donne un roman qui, malgré quelques bonnes scènes de tension et une ambiance bien posée, se révèle poussif. Une déception.

Ian McGuire, Celui qui sait (The Abstainer, 2020), 10/18, 2021. Traduit par Anne-Marie Carrière. 303 p.

Du même auteur sur ce blog : Dans les eaux du Grand Nord ;    

Publié dans Noir britannique

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