La proie, de Deon Meyer

Publié le par Yan

Depuis quelques temps, c’est toujours avec un peu de circonspection que l’on aborde les nouveaux romans de Deon Meyer, auteur efficace en général mais pas toujours – ou plus toujours – très original.

De fait La proie commence d’une manière assez classique, dans la lignée de ce à quoi Meyer nous a habitué. D’un côté un mystérieux homme noir installé à Bordeaux et qui semble vouloir plus que tout se faire oublier (spoiler : il ne va pas y arriver), de l’autre un meurtre dans un train de luxe sud-africain sur lequel enquêtent Benny Griessel et son partenaire Vaughn Cupido.

Si on en restait là, on aurait affaire à un assez classique roman policier dont les deux intrigues permettent de mélanger thriller d’action et roman de procédure. Sauf que la victime du meurtre est un ancien membre de la section de la police chargée de la protection des VIP et que, très vite, il apparaît que la hiérarchie, jusqu’au plus haut niveau, voudrait enterrer cette affaire.

Meyer renoue donc un peu plus avec ce qui faisait en grande partie l’intérêt de ses premiers romans, à savoir raconter à travers ses histoires la société sud-africaine et plus particulièrement ici les dérives du pouvoir. Il évoque ainsi derrière l’enquête de Griessel la manière dont la présidence de Jacob Zuma a livré l’État à la corruption et laissé le clan indien Gupta capter l’argent des marchés publics.

Qu’il s’agisse de Benny Griessel et de ses collègues défenseurs d’un système juste ou du mystérieux Daniel Darret amené à son corps défendant à agir contre ceux qui ont dévoyé les idéaux du mouvement anti-apartheid qui les a portés au pouvoir, les deux axes de l’histoire de La proie ramènent donc à la situation politique sud-africaine qui donne une épaisseur supplémentaire à l’intrigue.

Tout n’est sans doute pas parfait dans ce roman qui accuse quelques longueurs et dans lequel les héros apparaissent parfois bien lisses, mais il ne faut pas bouder son plaisir. Le suspense est bien là, les scènes d’action sont bien menées, le fond est intéressant et ceux qui ont lu les premiers romans de Meyer seront certainement heureux de voir réapparaître l’un des personnages des Soldats de l’aube.

Deon Meyer, La Proie (Prooi, 2018), Gallimard, Série Noire, 2020. Traduit par Georges Lory. 568 p.

Du même auteur sur ce blog : 13 heures ; À la trace ; 7 jours ; Kobra ; L’année du Lion ; La femme au manteau bleu ;

Publié dans Noir africain

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