La chance du perdant, de Christophe Guillaumot

Publié le par Yan

Muté à la brigade des courses et jeux de la police toulousaine après quelques libertés prises avec le règlement, Renato Donnateli, imposant flic kanak que Christophe Guillaumot a déjà mis en scène dans Abattez les grands arbres, se trouve confronté à une sale affaire. Des joueurs compulsifs ont tendance à trouver la mort de manière particulièrement violente ou à disparaître sans laisser de traces. Avec une équipe de bric et de broc, de l’adjoint dépressif au prestidigitateur, le voilà donc aux trousses d’un particulièrement retors caïd des jeux clandestins.

On passera très vite sur cette trame plutôt classique de la bande d’outsiders à la poursuite du super méchant qui se révèle au fond sans grande surprise. Ce qui fait l’intérêt du roman de Christophe Guillaumot c’est bien, plus que cette intrigue, la galerie de personnages tous un peu secoués par la vie ou secoués tout court et sa capacité à les placer dans des situations rocambolesques et à jouer des décalages qui existent entre eux. Renato Donnateli, Six et les autres tiennent leur rôle, du très gentil au très méchant et l’on se laisse volontiers embarquer, tout comme on se plaît à les suivre dans les lieux où l’auteur les entraîne, de ce centre de tri des déchets où tout commence à cette Toulouse underground loin des sentiers touristiques.  

Si l’on peut regretter quelques maladresses – un peu trop d’insistance sur les « gifles amicales » du héros, une certaine propension de l’auteur à vouloir un peu trop expliquer parfois le comportement de ses personnages – La chance du perdant se révèle être un polar de bonne facture que l’on lit avec un plaisir même pas coupable. On attend maintenant de voir la suite.

Christophe Guillaumot, La chance du perdant, Liana Levi, 2017. 335 p.

Publié dans Noir français

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