La Fille des Abattoirs, de Marc Villard

Publié le par Yan

Recueil de dix nouvelles parues initialement dans diverses publications, à l’exception de deux inédites, La Fille des Abattoirs tourne essentiellement, comme le titre de la nouvelle qui donne son nom au recueil l’indique, autour de figures féminines.

Exploitées comme Nadia, escort girl s’offrant les services d’un ancien flic pour sa sécurité dans « Chiendent » ou Alexandra dans la belle « American Gravity » qui clôt le volume, abusées – Alexandra encore, ou Sylvia dans « La fille des Abattoirs », nouvelle d’une grande force – éprises d’une liberté qui se refuse à elles à l’image des trajectoires heurtées et parfois fatales de Tessa (« Tessa »), Lina (« La cavale de Lina ») et Assia dans la tragique « La Femme de Tanger », mais pas forcément toujours meilleures que les hommes quand il s’agit de faire définitivement le vide autour d’elles (« Piano Solo » et « Les trottoirs des Halles »), les femmes de Marc Villard ne peuvent être réduites au simple état de victimes ou de bourreaux. Pas plus que les hommes qui les accompagnent tout au long de ces nouvelles – salauds ordinaires, petites frappes pourries jusqu’au trognon, flics et/ou tueurs en quête d’une forme de rédemption ou juste épris de vérité – elles ne sont monolithiques. Il y a enfin, en commun à toutes ces nouvelles, une balade dans les bas-fonds : quartiers populaires à l’abandon, inframonde des toxicos et pornographes et même la Sanità de Naples dans laquelle erre le sosie raté de Diego Maradona (« El Diez »).

D’une plume toujours aussi évocatrice, rythmée par des ambiances jazz ou même des vieux tubes de Dick Rivers, Marc Villard continue de montrer son talent de nouvelliste, saisissant avec précision les points de bascule des destins auxquels il décide de coller et les chutes souvent violentes qui s’ensuivent. Tout cela est d’une rare noirceur que viennent renforcer par contraste quelques beaux moments de lumière et une touche d’humour loin d’être superflue.

  1. Villard, La Fille des Abattoirs, Rivages/Noir, 2016. 283 p.

Du même auteur sur ce blog : Harmonicas et chiens fous ; Jean-Michel de Brooklyn ;

Publié dans Noir français

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