Harmonicas et chiens fous, de Marc Villard
De la musique et les trajectoires filantes de femmes, d’hommes ou d’enfants ; voilà le programme de ce recueil dans lequel, en une dizaine de nouvelles, Marc Villard démontre une fois encore qu’il est bel et bien le maître français des courts récits noirs. Ici donc, de Paris à la Belgique, des quartiers interlopes qui entourent les gares aux profondeurs des forêts du nord, Villard déroule les partitions sur lesquels les vies de ses personnages se jouent.
Boxeur encouragé à se coucher, tueur à gages mélomane, musiciens en galères, gamins tapant dans une balle, mères célibataires, jeunes zonards… ils vivent, survivent et se trouvent bien souvent confrontés à une vie particulièrement chienne. La musique les sauvera parfois. Parfois aussi, les cordes d’une guitare pourront servir à autre chose qu’à tirer des notes d’un instrument. Au milieu de tout ça, il y aussi, omniprésent, le thème de la paternité, de la maternité, de la filiation. Des relations souvent venimeuses mais qui peuvent aussi permettre d’avancer et de sortir la tête de l’eau.
Surtout, il y a le style de l’écriture de Marc Villard. Cette capacité à exprimer la grisaille du quotidien pour mieux en extraire les moments fugaces d’où en jaillit la lumière ou la noirceur, cette façon de tout retourner en une phrase. Sous l’apparente économie de mots, c’est une grande profondeur que révèlent ces récits ; c’est la vie et les fulgurances qui la traversent.
Marc Villard, Harmonicas et chiens fous, Cohen & Cohen, 2015.
Du même auteur sur ce blog : Jean-Michel de Brooklyn ; La Fille des Abattoirs ;