Rome brûle, de Carlo Bonini et Giancarlo de Cataldo

Publié le par Yan

Samouraï n’est plus là et la nature a horreur du vide. Si Sebastiano, le bras droit du roi de Rome entend continuer à tenir la ville, d’autres profiteraient bien de cette vacance du pouvoir pour rebattre les cartes. D’autant plus que le pape François vient d’annoncer un nouveau Jubilé. Et qui dit Jubilé dit millions de pèlerins et nécessité de construire de nouvelles infrastructures. Ce sont des contrats juteux qui s’annoncent et qui font saliver l’ensemble de la pègre romaine, mais il faut que quelqu’un prenne tout cela en main. Difficile à un moment où, après la chute de l’ancienne municipalité, le nouveau maire de la ville annonce clairement sa volonté de faire du ménage au sein de l’institution.

Sous-titré Suburra 2, Rome brûle, suite avouée du très dense Suburra est centré sur la figure de Sebastiano dont l’ascension occupait en partie le roman précédent. Tenté de s’affranchir de son maître, confronté à Fabio, ambitieux déterminé à s’imposer à sa place, et obligé de composer avec un personnel politique agité par les basses manœuvres et désireux de s’affranchir de l’emprise mafieuse, le jeune homme s’embarque dans une véritable guerre dans laquelle il conviendra d’éliminer les adversaires ou de disparaître. Plus resserré que Suburra, le nouveau roman de Carlo Bonini et Giancarlo de Cataldo ne sacrifie pas pour autant la complexité de l’intrigue et des manœuvres qui se jouent pour le contrôle de Rome ; une fois de plus les personnages foisonnent, se croisent, se heurtent, se trahissent ou s’allient selon les circonstances et, surtout, ne vont pas forcément là où les attend.

L’abondance des fils que tirent Bonini et de Cataldo pourraient vite virer sac de nœud, mais une fois encore, la construction remarquable que mettent en place les deux auteurs permet au lecteur de se retrouver sans problème dans les méandres des machinations politiques et des alliances mafieuses mouvantes. Encore une fois largement inspiré de la réalité, Rome brûle, s’il n’a sans doute pas le souffle épique du volume précédent à cause notamment du fait qu’il se centre quasi exclusivement sur Sebastiano, ses ambitions et ses atermoiements, n’en est pas moins passionnant et surprenant par sa capacité à mettre à jour le fonctionnement d’un système politico-mafieux particulièrement abouti mais que les ambitions personnelles peuvent faire tanguer dangereusement.

Carlo Bonini et Giancarlo de Cataldo ferment par ailleurs un certain nombre de portes tout en en gardant d’autres entrouvertes, ce qui laisse présager d’une autre suite. On l’attend avec curiosité et une certaine impatience.

Carlo Bonini et Giancarlo de Cataldo, Rome brûle (La notte di Roma, 2015), Métailié, 2016. Traduit par Serge Quadruppani. 293 p.   

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