Le Tueur aux Psaumes, de Chris Petit

Publié le par Yan

imagesCACWRPYIAutant le dire d’emblée, ce n’est pas le titre qui m’a convaincu de lire ce roman. Rien à reprocher en l’occurrence à l’éditeur français puisqu’il s’agit de la traduction littérale du titre original (Psalm Killer). Mais il est vrai que l’idée de se retrouver pour la millième fois face à un tueur en série inspiré par la Bible n’avait rien de bien excitant. C’est la quatrième de couverture qui a semé le doute en moi : un auteur irlandais (j’adore Ken Bruen, Colin Bateman et Adrian McKinty), une réflexion sur le conflit en Irlande du Nord… pourquoi pas ?

Je me suis donc lancé dans ce roman avec une petite réticence essentiellement due à son titre mais aussi un peu, quand même, à son volume. J’espérais secrètement que si je devais me coltiner 700 pages d’un thriller plan-plan avec tueur biblique et développements pseudo-mystiques, la mort aurait l’obligeance de venir me faucher en pleine fleur de l’âge, avant que j’ai eu le temps de souffrir au-delà de la première partie du volume.

Mais bon, de quoi parle donc ce roman ? Du parcours de deux hommes.

En 1985, l’inspecteur Cross, policier à Belfast, est confronté à des meurtres perpétrés semble-t-il par le même tueur qui laisse de discrets messages qui tirés de la Bible. Dans un pays divisé et ravagé par la violence politique, la hiérarchie de Cross voudrait d’autant plus classer l’affaire au plus vite que la première victime semble être un clochard sans doute lié à l’un ou l’autre des deux camps qui s’affrontent. Et que ce clochard – ou plutôt son cadavre – a été écrasé par la fille d’un chef de l’IRA qui tentait d’échapper à un contrôle de police. Cross s’entête pourtant. À raison, puisque les meurtres continuent : une femme, puis une adolescente viennent ensuite. Pourtant le mode opératoire du tueur semble changer et le choix des victimes est dénué de logique apparente. L’enquête s’annonce particulièrement difficile dans une ville où règnent la loi du silence et les faux-semblants et où Cross, d’origine anglaise, est bien peu apprécié.

En 1971, Candlestick est recruté par l’armé britannique pour infiltrer les groupes paramilitaires protestants et  laisser libre cours à ses instincts de psychopathes afin de faire régner la terreur dans les rangs catholiques.

Leurs deux chemins finiront bien par se croiser…

Finalement, mes préventions ont fini par tomber assez rapidement. Chris Petit nous accroche vite et a tôt fait de nous attirer dans cette intrigue complexe, véritable sac de nœuds, dans laquelle s’enfonce peu à peu son héros à mesure que sa vie personnelle se délite elle aussi.

Certes, ce roman à des faiblesses : quelques longueurs, notamment lorsqu’il entre dans l’intimité de Cross ou tente d’expliquer le lien, un brin artificiel, même dans ce conflit irlandais, entre les motivations du tueur et la Bible. Cependant, il ne faut pas perdre de vue le fait qu’il s’agit d’un premier roman. Très ambitieux qui plus est. Vouloir nous décrire à travers ce livre la complexité de la situation en Irlande du Nord tout au long des années 1970-1980 est un défi de taille. Un défi à moitié relevé. Petit nous passionne mais n’arrive pas toujours à rendre clair ce jeu de billard à trois, cinq ou dix bandes entre de multiples factions.

C’est en tout cas une belle tentative, plutôt agréable à lire, instructive et prenante.

Chris Petit, Le Tueur aux Psaumes, Fayard Noir, 2007. Rééd. Folio Policier, 2009. Traduit par Francis Lefebvre.

Publié dans Noir irlandais

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