Criminels ordinaires, de Larry Fondation
Un an après Sur les nerfs, Fayard édite le deuxième roman de Larry Fondation consacré à la violence ordinaire des quartiers pauvres de Los Angeles. Pas de gros coups organisés, mais, comme le titre l’indique, l’ordinaire des crimes : un braquage minable qui tourne mal, une dispute entre automobilistes qui vire au drame, une agression pour quelques dollars, un défenseur des animaux qui butte un chien et son maître, un viol commis par des ados, un couple séquestré par un camé…
Les histoires s’enchaînent, souvent très courtes – quelques paragraphes, parfois un seul – comme des flashes éclairant une réalité sordide. L’accumulation des histoires, certaines très proches les unes des autres et répétitives, met en lumière à la fois l’immuabilité du processus du crime engendré par la pauvreté – économique et culturelle – et la perte de sentiments, haine ou amour, qui lui est inhérente. Car tout est raconté, souvent à la première personne, avec un froid détachement qui rend plus prégnante la crudité du propos.
Malgré tout, la violence de ces histoires ne ferme pas la porte à un humour très noir que manie avec dextérité Larry Fondation, ni à un semblant d’espoir qui s’exprime, malgré la violence omniprésente jusque dans la jouissance, l’acte sexuel s’accompagnant ici toujours de sang, par l’opiniâtreté avec laquelle chacun des personnages cherche à vivre envers et contre tout.
Extrêmement efficace sur le mode court, peut-être un peu moins lorsqu’il développe ses histoires, Larry Fondation, avec ces nouveaux instantanés de la violence ordinaire, nous offre une nouvelle fois un très bon livre sur la crudité de la violence quotidienne dans la mégapole californienne.
Larry Fondation, Criminels ordinaires (Common Criminals – L.A. Crime Stories, 2002), Fayard, 2013. Traduit par Alexandre Thiltges.
Du même auteur sur ce blog : Sur les nerfs ; Effets indésirables ; Les Martyrs et les saints ;