Série Z, de J. M. Erre
Troisième roman de J. M. Erre, Série Z précède l’excellent Mystère Sherlock sorti deux ans plus tard et obéit à la même recette : prendre un genre, le passer à la moulinette et en tirer un pastiche hilarant. Ici, donc, comme l’indique le titre, on parle de série Z, de ces films que l’on appelle aussi « nanars », ces presque navets que d’affligeants scénarios, des décors en papier crépon et des acteurs à la ramasse ont fini par rendre culte. Ils apparaissent ici par le truchement de Félix, héros du roman, trentenaire aux allures d’adolescent attardé et un peu torturé par les questions existentielles, fan de série Z et auteur d’un scénario mettant en scène un tueur s’en prenant aux pensionnaires d’une maison de retraites pour anciens acteurs. Et, comme on est dans une série Z, personne – à l’exception de Félix – ne sera surpris de s’apercevoir que les meurtres imaginés par Félix ont lieu dans la réalité. Pire : la maison de retraite imaginée par Félix, ainsi que ses pensionnaires, existent aussi.
Conte décalé et d’un humour noir terrible pour ouvrir le roman, jeux d’écriture allant du scénario affligeant aux fiches pratiques de l’inspecteur Galachu pour repérer les serial killers en assant par les rapports du fils de Galachu et les querelles familiales chez Félix… J. M. Erre s’en donne à cœur joie.
On sourit, on rigole même parfois, mais Série Z finit par se heurter à un problème. Le roman à le défaut de ses qualités : il joue si bien du milieu de la série Z, de son côté décalé et outrancier, qu’en le pastichant, il en rajoute nécessairement dans ces registres, finissant par alourdir l’ensemble. Bref, si l’on s’amuse souvent, on frôle aussi l’indigestion.
Si on lit tout cela sans déplaisir et même, régulièrement, avec une certaine jubilation, on a du mal à tenir sur la longueur et parfois aussi à suivre toutes les circonvolutions de cette histoire loufoque dans laquelle on craint parfois de se perdre et qui aurait peut-être gagné à être plus courte. À consommer avec modération.
J. M. Erre, Série Z, Buchet-Chastel, 2010. Rééd. Pocket, 2014. 284 p.
Du même auteur sur ce blog : Le mystère Sherlock ; Qui a tué l'homme-homard ? ;