J – 77, de Ben H. Winters

Publié le par Yan

Deuxième volet de la trilogie ouverte par Dernier meurtre avant la fin du monde, J – 77, comme l’indique son titre, nous rapproche un peu plus de l’apocalypse attendue. Alors que l’astéroïde Maïa approche lentement mais sûrement de la Terre, la vie continue, même si elle a radicalement changé. Les pillages se font de plus en plus violents au fur et à mesure que les ressources s’épuisent depuis que, voyant la fin du monde arriver, la plupart des gens ont arrêté de travailler et donc de produire, mais, d’un autre côté, on peut cesser de s’inquiéter pour l’avenir comme le rappelle un médecin à Hank Palace :

« À mesure que la circulation reviendra, dans les deux semaines qui viennent, vous allez commencer à ressentir un picotement persistant, puis vous aurez besoin de rééducation pour revenir à un fonctionnement normal. Puis, début octobre, un objet interstellaire massif entrera en collision avec la Terre et vous mourrez. »

Hank Palace, justement, sans se faire d’illusions sur l’avenir, continue d’enquêter. Après le meurtre du premier volume, le voici parti à la recherche du mari de son ancienne baby-sitter qui semble avoir mis les voiles du jour au lendemain. Bien entendu, une fois encore, cette affaire n’intéresse que lui et peu de personnes se trouvent décidées à l’aider. Mais, clairement, ça occupe en attendant la mort.

Surtout, autour de l’enquête de Hank, Ben H. Winters, plus encore que dans Dernier meurtre avant la fin du monde, prend le temps de décrire la déliquescence de la société, l’abandon des anciennes valeurs, la montée de la peur de l’autre et la façon dont jusqu’au bout certains sont bien décidés à profiter de la situation pour escroquer leur prochain. Tout la partie du roman qui voit Palace enquêter au sein d’une université devenue une sorte de communauté libertarienne est d’ailleurs un moment fort du livre dans lequel Winters prend un évident plaisir à imaginer la façon dont, dans de telles circonstance pré-apocalyptiques, l’idéologie tend à céder le pas devant des sentiments plus primitifs malgré une organisation qui se veut solide.

Certes, comme dans Dernier meurtre avant la fin du monde, l’auteur propose avant tout une divertissante série B, mais il propose cette fois, alors que l’on entre de plain-pied dans les tous derniers mois avant la collision ultime, une étude de mœurs plus approfondie encore et intelligemment mise en scène. Hank Palace gagne en épaisseur, tout comme les seconds rôles qui l’accompagnent et, tout en bouclant l’enquête, Ben H. Winters fait monter la tension en attendant un troisième et dernier volume qui s’annonce à tout le moins explosif.

Ben H. Winters, J – 77 (Countdown City, The Last Policeman Book II, 2013), Super 8 éditions, 2016. Traduit par Valérie Le Plouhinec. 326 p.

Du même auteur sur ce blog : Dernier meurtre avant la fin du monde ; Impact ;

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