La défense, de Steve Cavanagh

Publié le par Yan

Ancien arnaqueur devenu avocat, ce qui ne l’a pas franchement changé, Eddie Flynn a finalement abandonné sa seconde carrière après une affaire traumatisante. Jusqu’au jour où le chef de la mafia russe de New York débarque avec, dans un sac, la tête de l’ancien associé de Flynn et une proposition du genre qu’il est difficile de refuser : le représenter dans son procès pour éliminer le témoin clé, faute de quoi Amy, la fille de Flynn, sera exécutée. Bien entendu, les choses ne vont pas se passer comme prévu. D’une part parce qu’Eddie Flynn est un petit malin avec plus d’un tour dans son sac, d’autre part parce que la situation, entre trahisons, agents du FBI pourris et mafieux italiens, est autrement plus complexe que ce que pouvait croire les protagonistes de cette affaire.

Avec ce premier roman, l’irlandais Steve Cavanagh ne fait pas franchement dans la dentelle et lorgne ostensiblement du côté de Lee Child – pour la littérature – et des productions testostéronées à base de Bruce Willis, Liam Neeson ou Jason Statham pour le cinéma. Autant donc le dire d’emblée, le lecteur qui cherche un roman introspectif avec des personnages tiraillés par de grands dilemmes moraux ira voir ailleurs. Celui qui veut du roman carré, précis, fera de même. Car Cavanagh ne s’embarrasse pas vraiment de cohérence et de réflexion philosophique et choisit clairement de jouer sur l’action pure et le suspense.

On trouvera donc ici tous les ingrédients inhérents au genre : le héros sur le retour qui a perdu sa femme après une affaire trop dure – vous avez le droit de pleurer –, les amitiés dudit héros dans tous les milieux, y compris la mafia, son intelligence supérieure et ses dons qui se trouvent être ici l’arnaque et les talents de pickpocket (on pense d’ailleurs un peu au Neil Carrey de Don Winslow) assaisonnés d’un poil de varappe, et bien sûr des méchants très retors et sans pitié qui vont lui en faire baver mais dont on se doute qu’ils vont bien le regretter.

On ne va donc pas s’en cacher, La défense est un roman sans beaucoup de fond et avec une forme guère originale. Pour autant, quand on aime comme moi s’adonner à certains plaisirs coupables comme la lecture des romans de Jonathan Kellerman ou Lee Child, on peut trouver là un bon divertissement sans conséquences. Car Cavanagh fait le boulot, alternant les moments de violence et de suspense avec de plaisantes scènes de prétoire, jouant avec ses personnages avec un plaisir non dissimulé et que l’on partage volontiers. Amusant.

Steve Cavanagh, La défense (The Defence, 2015), Bragelonne, 2015. Traduit par Benoît Domis. 379 p.

Publié dans Noir irlandais

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C
Moi aussi, j'ai un penchant pour Kellerman, je relis ses premiers , parus dans les années 85 sqq,mais en anglais; c'est bien plus sensible et ironique qu'en traduction et le vocabulaire est vraiment savoureux.<br /> ex "bullshit on toast "( traduit par "balivernes!!!"). PPP( Piss Poor Protoplasm, par des "gènes inférieurs".).
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Y
Heureuse femme.
C
Excellente suggestion: j'ai commandé les 3 premiers, et je les lirai dans l'ordre ainsi.<br /> Merci bien.
Y
Oui, c'est rigolo, Kellerman. Mais je n'ai pas le courage de me mettre à lire en VO. Sinon, tu penses bien que j'aurais fini de lire Dorsey.