Série Z : Le livre sans nom
Santa Mondega, quelque part en Amérique du Sud, abrite, entre autres, un tueur à gages sosie d’Elvis, un tenancier de bar qui sert de la pisse aux étrangers, une horde de vampires et une très grande et très jolie bibliothèque. Alors que l’on va bientôt célébrer l’éclipse totale du soleil qui a lieu tous les cinq ans, d’autres personnages convergent vers Santa Mondega : des moines karatekas, un flic spécialisé dans les enquêtes surnaturelles et le très craint Bourbon Kid qui a une fâcheuse tendance à buter tout le monde dès qu’il a un verre dans le nez. Parmi tout ce beau monde, nombreux sont ceux qui courent après le mystérieux Œil de la lune, une pierre précieuse sensée conférer l’immortalité à celui qui la porte. La fête de la lune s’annonce donc mouvementée.
Curiosité éditoriale qui a connu un grand succès à sa sortie, Le livre sans nom est effectivement un roman bien particulier. L’écriture très cinématographique – entre Une nuit en enfer, Boulevard de la mort et True Romance – est de toute évidence inspirée par Tarantino, Rodriguez et consort. L’accumulation de personnages à la fois complètement déjantés et extrêmement stéréotypés et les dialogues composés de répliques jetées du tac au tac ou de digressions sur la culture pop-rock ou le cinéma viennent renforcer cette filiation cinématographique. Filiation malheureusement peut-être aussi flagrante dans les descriptions au style souvent pesant qui ont aussi pu être écrites par un scénariste, du genre : « Il portait un katana (sabre de samouraï) ».
Les films cités ci-dessus sont des hommages aux séries B voire Z, au cinéma de drive-in ; c’est sans doute aussi le cas du Livre sans nom, plus encore qu’un hommage à la littérature pulp. Autant dire qu’il n’y a pas cinquante manières d’aborder ce bouquin : soit en cherchant le message philosophique qu’a voulu nous transmettre l’auteur – et l’on risque d’être déçu –, soit comme un pur divertissement. J’ai pour ma part choisi la seconde solution et m’en suis trouvé fort aise. J’ai aussi choisi de penser que le style terriblement lourdingue de certains passages était volontaire et rendait la chose plus amusante encore (mais je ne peux pas affirmer que c’est réellement le cas), à l’image de ces raccords loupés et ces longues tirades ridicules qui jalonnent les séries B.
Ceci acquis, Le livre sans nom est un honnête divertissement avec de beaux moments de bravoure, quelques éclats de rire et pas une once de sérieux. J’attendrai pour ma part que les deux suites de ce roman paraissente elles aussi en Livre de Poche pour les lire parce que, tout de même, la littérature pulp doit aussi être une littérature pas chère.
Anonyme, Le livre sans nom, Sonatine, 2010. Rééd. Le Livre de Poche, 2011. Traduit par Diniz Galhos.