Los Angeles Nostalgie, de Ry Cooder
On connaissait jusqu’alors Ry Cooder pour ses talents de guitariste et de compositeur. Il faudra maintenant compter aussi sur ses talents d’écrivain.
Car, il faut bien le dire, Cooder a une sacrée plume et un véritable don pour restituer une ambiance et accrocher le lecteur avec ses histoires de petites gens confrontées à un quotidien morne où tout peut basculer en l’espace d’un instant dans une Cité des Anges aujourd’hui disparue, fondue dans la mégapole qu’elle est devenue.
C’est en effet dans un Los Angeles des années 1940 jusqu’au début des années 1960 que se déroulent les huit nouvelles de ce recueil. Petites arnaques, rencontres fatales, malheureux hasards, tentatives plus ou moins vaines de garder la tête hors de l’eau sont autant de prétextes pour Ry Cooder de nous parler de sa ville à un moment charnière où la grosse bourgade devenue métropole bascule dans une époque plus favorable à l’anonymat mais aussi moins séduisante. On se baladera ainsi dans un Chavez Ravine à la veille d’être vendu aux promoteurs, les mêmes que l’on voit à l’œuvre à Santa Monica dans la nouvelle « Mon téléphone n’arrête pas de sonner », on assistera à la fin du tramway (« Terminus ») et l’on croisera, au détour d’un comptoir Charlie Parker, Joe Maphis, Merle Travis ou John Lee Hooker.
Certes la nostalgie de ces temps révolus transparaît dans ces histoires, mais c’est surtout la tendresse de l’auteur pour ses personnages tous un peu dépassés, un peu sur le retour où qui peuvent parfois se voir plus malins qu’ils ne le sont vraiment, qui ressort de Los Angeles Nostalgie, belle bal(l)ade blues dans une époque révolue du côté de ceux qui n’ont d’ordinaire pas voix au chapitre.
Ry Cooder, Los Angeles Nostalgie (Los Angeles Stories, 2011), 13ème Note, 2013. Traduit par Ariane Bataille.
Profitons-en au passage pour rappeler à ceux qui aiment les histoire de musiciens écrites par des musiciens, que Steve Earle a lui aussi écrit un très beau roman : Je ne quitterai pas ce monde en vie.