Blues Bar, d’Ace Atkins

Publié le par Yan

bluesbarOn a découvert récemment Ace Atkins avec un plutôt bon roman d’action, Retour à Jericho, qui donnait envie d’aller voir un peu du côté de la production plus ancienne de l’auteur.

Blues Bar met en scène Nick Travers, chasseur de blues de son état, c’est-à-dire musicologue spécialisé dans l’histoire du blues, enquêtant sur le terrain pour retrouver des bluesmen oubliés où des informations à leur sujet. Élevé après la mort de ses parents par Jojo et Loretta, qui tiennent le Blues Bar, établissement réputé de la Nouvelle-Orléans, Travers s’engage dans ce roman (qui est en fait le troisième d’une série dont les deux premiers n’ont pas été traduits en France) dans une enquête qui va lui faire mettre les pieds dans le peu ragoutant marigot de la politique locale du Tennessee et le non moins sordide milieu de la production musicale, des casinos et des boîtes de strip-tease qui ont en commun l’exploitation des humains et de leurs faiblesses. Ainsi donc Nick Travers part-il à la recherche du légendaire frère de Loretta, Clyde, grande figure de la musique soul, porté disparu depuis longtemps mais dont certains indices laissent à penser qu’il serait en vie.

Pour le dire vite, Blues Bar a à peu près les mêmes qualités et les mêmes défauts que Retour à Jericho. D’un côté une description minutieuse, sans fard, de la réalité sociale et culturelle des États du Deep South, un sens affuté de la mise en scène, en particulier des scènes d’actions, quelques personnages bien campés et une écriture agréable rehaussée par un sens de l’humour de bon aloi. D’un autre côté une tendance à parfois trop s’appuyer sur des procédés un peu grossiers – notamment les heureuses coïncidences où les personnages qui arrivent toujours au bon endroit au bon moment – pour résoudre les situation échevelées dans lesquelles il plonge Travers, et d’autres personnages, particulièrement chez les méchants, qui apparaissent par trop caricaturaux là où Atkins s’emploie pourtant à les faire évoluer dans un monde qu’il tente de décrire avec objectivité.

Il est toutefois incontestable que l’on passe un agréable moment en compagnie du héros d’Ace Atkins et plus encore lorsque l’on aime le blues qui imprègne littéralement tout le roman. Malgré ses défauts et sans doute quelques dizaines de pages de trop, Blues Bar est un voyage que l’on fait avec plaisir dans les bouges de Louisiane, du Tennessee ou du Mississipi, une lecture qui vaut plus par son ambiance que par son intrigue, un peu bancale mais appréciable.

Ace Atkins, Blues Bar (Dark End Of The Street, 2002), Éditions du Masque, 2005. Rééd. Rivages/Noirs, 2008. Traduit par Nathalie Mège.

Du même auteur sur ce blog : Retour à Jericho ; Les cris du Mississippi ;

Publié dans Noir américain

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