Alibi n° 7
Cela faisait un moment que l’on n’avait pas acheté Alibi. Mais l’été se prête à la lecture de revues et on a donc tranquillement picoré quelques jours durant dans le magbook consacré au polar dont on a déjà eu l’occasion de dire le bien (et le moins bien) que l’on en pensait.
Ce numéro d’été consacre son dossier à la « planète polar ». On entend par là au polar sur toute la planète et en particulier là où l’on n’a pas forcément l’habitude d’aller. Bien fichu, il nous parle du polar latino-américain et de son rapport à un passé proche et violent (par la plume de Clémentine Thiebault et Mikaël Demets qui, incontestablement, font partie des chroniqueurs les plus intéressants de ce numéro, et ils le prouvent encore avec un très bon article en fin de revue consacré au western), de Cuba, de la criminalité en Algérie, de la série « L’agence n°1 des Dames Détectives » sise au Botswana ou encore de la manière dont la justice est rendue au Pakistan.
Cet Alibi fait par ailleurs la part belle aux interviews et rencontres, avec Michael Connelly, Jean-Marc Souvira, Caryl Férey, Sebastian Rotella ou l’artiste Lena Goarnisson. Les pèlerins en route pour Compostelle pourront aussi lire les conseils de voyages d’Henri Loevenbruck (à commencer par celui qui consiste à effectuer le pèlerinage en moto pour mieux « dire les couleurs et les parfums de la route »).
Annoncé en couverture, on trouve un texte inédit de Donato Carrisi. On l’avoue, on ne connaissait pas Donato Carrisi. Et son texte (nouvelle ? article ?) un poil égocentrique et carrément ésotérique ne nous donne pas vraiment envie de pousser plus loin notre curiosité.
Suit, après un intéressant reportage photo sur les vestiges de la dictature argentine (qui aurait sans doute pu trouver sa place dans le dossier principal ou à la suite de l’entretien avec Caryl Férey), un bon dossier consacré à Manchette et au regard que portent sur lui Max Cabanes, qui l’a adapté en BD, et Larry Fondation.
Enfin, on trouve comme toujours une importante rubrique de critiques de romans, films, BD ou disques. L’occasion de s’ouvrir à de nouvelles découvertes, mais aussi, bien entendu de jouer aux comparaisons (est-ce qu’ils ont aimé ça, autant que moi ? ont-ils trouvé comme moi que celui-ci était vraiment mauvais ?). On s’aperçoit que l’on n’est pas toujours d’accord, ce qui est plutôt normal, mais ont perçoit aussi la limite du procédé de la note attribuée au livre/film/disque dès que l’on confie ces critiques à divers chroniqueurs. Peut-on vraiment penser que Le Kidnapping d’Aaron Greene est un aussi bon roman que le deuxième volet de la série de romans Sérum ET que Necropolis, d’Herbert Lieberman, ces trois là étant meilleurs qu’Un voyou argentin, d’Ernesto Mallo (à égalité de points avec le livre d’Éric Dupont-Moretti) ? Voilà qui est perturbant.
Au final, Alibi demeure une revue agréable (et belle) à lire, et à feuilleter malgré un ensemble d’un intérêt inégal qui révèle la difficulté qu’il peut y avoir à allier regard de « spécialistes » et articles grand public, et des rubriques dont on continue à se demander ce qu’elles font là (en particulier la double page qui présente des objets hors de prix comme cet étui pour Ipad à 360€).
Alibi est disponible en librairies et par abonnement. On peut aussi visiter le site internet de la revue : http://www.alibimag.com/