Le kidnapping d’Aaron Greene, de Terry Kay

Publié le par Yan

lekidnapping-copie-1.jpgAaron Greene, en même temps qu’il étudie, exerce un travail de coursier dans une grande banque d’Atlanta. C’est un garçon timide et totalement insignifiant. Pourtant, c’est lui qu’un mystérieux commando enlève avant de réclamer une rançon de dix millions de dollars à son employeur. Le conseil d’administration de la banque, bien entendu, ne compte pas verser un sou pour un grouillot dont personne n’arrive même à se souvenir le visage tant il est transparent. Et c’est bien ce sur quoi comptent les ravisseurs qui vont se servir des médias pour créer un large mouvement de soutien à Aaron, ce garçon invisible en lequel tous les travailleurs et les exclus se reconnaissent, et placer la banque dans une situation intenable vis-à-vis de l’opinion publique.

Voilà un point de départ plutôt original et attirant. Terry Kay, très vite, à travers ce kidnapping, pose sans ambages la question du prix d’une vie humaine (Aaron, pauvre larbin insignifiant vaut-il moins que l’un des membres du conseil d’administration de la banque pour laquelle il travaille ?) et offre une réflexion plutôt intéressante sur la valeur que l’on peut attribuer dans la société capitaliste aux individus qui ne vivent pas de stock-options. Cette réflexion se double d’une charge contre une partie des médias – les talk-shows américains – et leurs dérives voyeuristes et sensationnalistes.

Toutefois, Kay semble assez vite évacuer ce sujet pour se concentrer sur ses personnages : Cody Yates, le journaliste blanchi sous le harnais qui se trouve mêlé malgré à cette affaire et cherche à faire la lumière dessus, Victor Menotti le flic têtu, Ewell Pender le millionnaire philanthrope trop beau pour être honnête, l’inquiétant Morris du groupe de kidnappeurs, Aaron, bien sûr, et la relation qu’il tisse avec Carla, l’une des ravisseurs, etc. Une multitude de personnages qui sont autant d’archétypes et dont les façons d’agir se révèlent aussi peu surprenantes que leurs motivations. À se focaliser sur eux dans de bien trop longs développements qui se révèlent parfois même parasiter l’histoire (la romance entre Cody et Freda, par exemple), Terry Kay perd de vue son propos initial qui, pourtant, était incontestablement le point fort de ce roman.

Après un démarrage un petit peu lent mais prometteur, on s’englue dans une histoire qui accumule les clichés et les longueurs et qui, sans être désagréable à lire, fini par s’avérer bien décevante, y compris dans son dénouement téléphoné qui sent bon la guimauve. Kay passe à côté de son sujet et la déception est à la hauteur de ce que ce roman nous avait laissé espérer. C’est bien dommage. 

Terry Kay, Le kidnapping d’Aaron Greene (The kidnapping of Aaron Greene, 1999), Le cherche midi, 2012. Traduit par Françoise Smith.

Publié dans Noir américain

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C
Pour se remettre, rien de tel qu'un roman de la Ligue qui occupera ce pont pluvieux du 1er mai !
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Y
<br /> <br /> Et bien, puisque tu en parles... je suis en train de finir Conjuration Casanova, de Giacometti et Ravenne.<br /> <br /> <br /> <br />