Le bikini de diamants, de Charles Williams

Publié le par Yan

The Diamond Bikini, plus connu chez nous sous le titre de Fantasia chez les ploucs depuis sa traduction à la Série Noire en 1957, est un des grands classiques du roman noir. Indéniablement aussi, la traduction de Marcel Duhamel, comme la plupart de celles des Série Noire de l’époque, avait bien mal vieilli, en particulier à cause de l’emploi – bien souvent abusif – d’un langage argotique très daté. Nous ne parlerons pas des coupes régulières qui étaient faites dans les textes originaux lors du passage au format Série Noire, pour la simple raison que l’on n’a pas pris le temps de comparer l’ancien et le nouveau texte qui, néanmoins, en faisant appel à nos souvenirs, ne semblent pas extrêmement différents du point de vue de l’intrigue. La nouvelle traduction que les éditions Gallmeister ont confiée à Laura Derajinski a en tout cas pour elle d’être plus accessible aujourd’hui par la grâce d’une langue moins marquée par cet argot vieillot généralement utilisé dans les textes édités par Duhamel.

Le bikini de diamant version 2017 ne change donc pas sur le fond. Billy Noonan, sept ans, nous raconte toujours les événements qui se déroulent dans la ferme de son oncle Sagamore où lui et son père, qui se trouve être en délicatesse avec la loi et les services sociaux à cause de son métier de parieur et aigrefin de champs de courses, sont venus s’installer provisoirement. Le shérif tente vainement de prendre Sagamore, connu pour distiller de l’alcool en quantité, sur le fait. L’arrivée sur la propriété de Sagamore d’un homme accompagné d’une belle jeune femme qui semblent fuir quelqu’un ou quelque chose, va perturber l’équilibre en place et donner aux frères Noonan l’occasion de faire montre de leurs stupéfiantes qualités d’arnaqueurs.

Le grand intérêt du récit de Charles Williams, c’est bien entendu son narrateur. Du haut de ses sept ans, Billy voit les choses avec une certaine innocence. Et le lecteur, beaucoup moins naïf, peut donc déduire ce qu’il se passe réellement. Mademoiselle Harrington – la jeune femme réfugiée sur la propriété de Sagamore – est ainsi certainement autre chose qu’une demoiselle souffrant d’anémie venue en cure et son fameux bikini de diamants, tel que le décrit Billy, doit normalement servir à autre chose qu’à nager le crawl dans un étang au fond d’une vallée dans laquelle officie un bootlegger. Ce décalage fait bien entendu le sel du roman de Charles Williams, et ce d’autant plus que le petit Billy n’est peut-être pas aussi innocent qu’il le laisse paraître. Si l’on ajoute à cela l’hilarante galerie de personnages, de l’oncle Finley construisant son arche en volant toutes les planches qui lui tombent sous la main aux adjoints du shérif Booger et Otis en passant bien entendu par l’inventif Sagamore, on a là un roman de la plus belle eau alliant un certain suspense à une plume alerte et surtout hilarante.

Autant dire que cette nouvelle traduction est une riche idée qui donnera aux uns l’occasion de découvrir ce grand classique du noir et aux autres celles de le redécouvrir avec joie.

Charles Williams, Le Bikini de diamants (The Diamond Bikini, 1956), Gallmeister, 2017. Traduit par Laura Derajinski. 239 p.

Du même auteur sur ce blog : Hot Spot ;

Publié dans Noir américain

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C
un de mes meilleurs souvenirs de lecture d'adolescence; je crois que je vais le rerelire en Vo , maintenant que je connais l'histoire
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Y
Bonne idée !
G
j'en suis au premier tiers, je me marre bien!
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T
Hello, je me le suis offert parce que fantasia chez les ploucs m'avait fait hurler de rire et que je voulais voir ce que cela donnait avec une traduction conforme et pas celle originale de la SN !
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