Quelqu’un à tuer, d’Olivier Martinelli

Publié le par Yan

En 1990, à Paris, Arthur est à la dérive. Musicien à la carrière prématurément coulée par un talent limité que l’alcool n’a pas arrangé, incapable de s’aimer et d’aimer quelqu’un d’autre, il est près de sombrer. Prompt à rejeter la faute sur une mère distante qui elle-même voit dans les échecs de son fils la marque de l’absence d’un père, Arthur fuit vers l’Espagne où pourrait se trouver l’homme le plus proche de ce père disparu.

En 1934, dans un village minier des Asturies, Ignacio rejoint la grève générale et le Parti communiste. Deux ans plus tard ce sera la guerre civile et, entre temps, la perte de l’innocence.

À travers ces deux destinées évidemment amenées à se croiser, ces deux quêtes de soi, Olivier Martinelli livre un roman rude, âpre, sur l’engagement au sens général du terme, qu’il soit politique, amoureux, artistique… mais aussi sur l’amour ou plutôt sur son absence. Car ce qui ressort de Quelqu’un à tuer, c’est bien cela : la vacuité de vies sans amour, que celui-ci n’ait jamais existé où qu’il ait disparu. C’est le poids des histoires personnelles et de la grande Histoire, de la manière dont elles modèlent les hommes, peut-être plus souvent pour le pire que pour le meilleur. C’est l’histoire de ceux qui pour avancer cherchent quelqu’un à tuer : le père, la mère, eux-mêmes…  et qui doivent ensuite porter le poids des morts.

Parsemées de rencontres qui apportent malgré tout un rayon d’espoir, de confiance en l’Homme, ici un couple qui vous cache, là un homme qui vous offre un toit et un couvert, les errances d’Ignacio et d’Arthur demeurent deux histoires noires, chacune à leur façon, bien portées par la plume précise d’Olivier Martinelli à laquelle on pourra occasionnellement reprocher de se montrer parfois un peu trop démonstratif.

Cela donne en fin de compte un ouvrage au croisement du roman noir, du roman historique et d’une fausse autofiction mais résolument sombre.

Olivier Martinelli, Quelqu’un à tuer, La Manufacture de Livres, 2015.

Publié dans Noir français

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