Josey Wales hors-la-loi, de Forrest Carter
Nous sommes sans doute nombreux à avoir vu Josey Wales hors-la-loi, le film de Clint Eastwood et à y avoir décelé, au-delà de la classique histoire de vengeance, un message de fraternité et de tolérance entre les peuples. En préface à cette fort bienvenue édition par Passage du Nord-Ouest, Xavier Daverat remet toutefois pertinemment en lumière les convictions politiques de l’auteur, Forrest Carter, afin d’éclairer l’œuvre sous un angle différent.
À travers l’itinéraire de ce fermiers des Monts Ozarks engagé chez les rebelles pendant la guerre de Sécession suite au massacre de sa famille, puis devenu un hors-la-loi pourchassé pour ne s’être pas soumis au serment d’allégeance à l’Union après la paix et se liant en chemin avec un vieux Cherokee et une Cheyenne, Forrest Carter, leader suprématiste blanc et fondateur d’un chapitre du Ku Klux Klan, nous explique Daverat, cherche moins à parler de fraternité que de personnages qui se retrouvent dans le même rejet de l’État fédéral.
Pour autant, cela intégré, peut-être quelque peu au corps défendant de l’auteur et par la grâce d’une histoire tragique et épique particulièrement réussie, Josey Wales hors-la-loi apparaît toutefois comme un très grand roman western[1]. Âpre, violent, tendu, parsemé de belles descriptions de la nature et laissant la part belle à de fascinantes scènes d’action ; mettant en scène des Indiens ni plus ni moins violents que les blancs qui ont envahi leurs territoires pour les parquer dans des réserves, des comancheros avides, des pionniers durs au mal devenus des proies, d’avides chasseurs de primes et des salopards ordinaires prêts à retourner leur veste à tout moment, le roman de Forrest Carter, quête de reconstruction d’un homme poursuivit par son passé et sa légende est indéniablement un classique du genre, un roman d’une grande force qui méritait amplement cette belle édition et la sérieuse mise en perspective qui précède le texte.
Forrest Carter, Josey Wales hors-la-loi (The Rebel Outlaw Josey Wales, 1973), Passage du Nord-Ouest, 2013. Traduit par Jean Guiloineau.
[1] Daverat explique par ailleurs comment Carter avait si bien caché son passé au moment de l’édition de ses romans qu’il réussit à se faire passer pour un Cherokee et connu un succès tel que l’un de ses livres, Petit arbre (The Education of Little Tree), figura longtemps parmi les romans conseillés par l’influente animatrice Oprah Winfrey.