Les aigles de Panther Gap, de James A. McLaughlin
Après l’enthousiasmant Dans la gueule de l’ours, on attendait avec impatience le nouveau roman de James A. McLaughlin qui, s’il change de montagnes – passant des Appalaches aux Rocheuses – ne change pas vraiment de décor : un lieu isolé et presque paradisiaque, des femmes et des hommes qui y sont attachés et d’autres qui vont venir briser cette tranquillité.
Au départ, il y a une famille. Celle de Bowman et Summer, élevés par leur père et leurs oncles dans un ranch isolé, une vallée verdoyante au milieu de montagnes arides et en grande partie coupée du monde extérieur. Bowman, fasciné par l’aigle que leur père élevait et plus généralement par les animaux sauvages avec lesquels il a toujours eu une sorte de connexion naturelle a quitté Panther Gap pour partir en Amérique centrale, sur les traces des jaguars. Summer, elle, est restée au ranch qu’elle tente de maintenir à flots avec ses deux oncles. Une trouble histoire d’héritage issu de la fortune mal acquise de leur grand-père oblige Bowman à rentrer. Mais, de toute évidence, cette succession a aiguisé l’appétit de personnes très mal intentionnées.
Même décor, donc, et mêmes ressorts que dans le précédent roman de McLaughlin. On entre donc avec Les aigles de Panther Gap en terrain connu et l’on retrouve notamment la qualité de ses descriptions de la nature sauvage, subtil mélange de fascinante beauté et de constante sensation de danger imminent. On retrouve aussi cette façon particulière qu’a l’auteur de jouer avec les perceptions, cette manière de nous amener à la frontière de la réalité. Les forces de la nature – les lieux comme les animaux – semblent mues par une volonté propre de se mêler au destin des hommes et en particulier de Bowman dont la symbiose avec ces éléments pourrait autant relever de l’hallucination que de l’incarnation d’une véritable force invisible au commun des mortels.
Tout cela, James A. McLaughlin le pose sur une intrigue très sinueuse dans laquelle se mêlent trafiquants de drogues, cartels et organisations mafieuses internationales dotées de véritables armées.
Il y a donc de quoi se laisser emporter et, de fait, on avance avec curiosité dans le roman. Toutefois, en essayant d’en faire plus que dans son livre précédent, McLaughlin nous perd aussi parfois. Tout est un peu trop gros : trop de mysticisme appuyé, trop d’armes lourdes, et trop de rebondissements finaux… Les aigles de Panther Gap, c’est un peu Dans la gueule de l’ours dopé aux stéroïdes. Ça marche incontestablement et on s’y laisse embarquer sans déplaisir, mais les artifices déployés font peut-être passer le livre à côté de la subtilité que l’on avait aimé dans le roman précédent.
James A. McLaughlin, Les aigles de Panther Gap (Panther Gap, 2023), Rue de l’échiquier fiction, 2023. Traduit par Christian Garcin. 406 p.
Du même auteur sur ce blog : Dans la gueule de l’ours ;