Viens avec moi, de Castle Freeman Jr
Le scénario a le mérite de la concision : Blackway a vandalisé la voiture de Lilian et a égorgé son chat. Lilian va voir le shérif qui refuse d’intervenir mais lui conseille de quitter la ville ou bien d’aller rencontrer la bande de Whizzer, qui pourrait peut-être lui venir en aide. C’est ainsi que la jeune femme se retrouve à partir à la recherche de Blackway, espèce de croquemitaine local, pour le dérouiller avec, pour l’aider, Lester, un vieillard retors et Nate, un jeune colosse aussi futé qu’un bout de bois.
Ça n’est donc pas sur la complexité de l’histoire ni d’ailleurs sur celle des personnages qu’il faut compter. Il n’y aura ni retournements de situations, ni plans machiavéliques. Juste une femme et deux hommes lancés dans ce qui semble être une mission suicide juste parce qu’ils ont décidé qu’il en serait ainsi. Pour la morale, vous repasserez aussi.
Pour ceux qui connaissent, Viens avec moi évoque parfois un peu la série Banshee, pour son côté à la fois violent et un peu vain. Le point de départ de l’histoire, l’agression de Blackway envers Lilian dont les causes ne s’éclairent d’ailleurs qu’à peine au fil du roman, n’est ici pour l’auteur qu’un prétexte à enfiler d’une part les scènes de tension et d’explosions de violences du côté du trio parti à la recherche du grand méchant loup, et d’autres part les dialogues percutants et pas dénués d’humour de Whizzer et de ses amis qui attendent tranquillement le retour – ou le non retour – de leur camarades partis accompagner Lilian dans sa quête dans cette partie aussi sauvage que dégénérée du Vermont.
Il n’y a finalement pas grand-chose d’autre à dire de ce roman. Castle Freeman Jr maîtrise les dialogues ironiques et sait embarquer le lecteur dans des situations outrancières. Il en ressort un incontestable amusement sur le moment et Viens avec moi est la promesse, pour ceux qui aiment les séries B violentes et décalés, de deux bonnes heures de lecture sans conséquences qui seront pour tout dire aussi agréables sur le coup que vite oubliées.
Castle Freeman Jr, Viens avec moi (Go With Me, 2008), Sonatine, 2016. Traduit par Fabrice Pointeau. 186 p.