Du polar qui bouge : The Wire
Et si nous parlions série, aujourd’hui ? Encore trop méconnue , The Wire (Sur Écoute pour la version française) est un véritable roman noir télévisé. Il faut dire qu’avec, entre autres, Dennis Lehane, George Pelecanos et Richard Price au scénario aux côtés des créateur Ed Burns et Dan Simon, la qualité ne pouvait qu’être au rendez-vous.
Diffusée entre 2002 et 2008 aux États-Unis, The Wire raconte la ville de Baltimore à l’aube du XXIème siècle à travers les yeux de multiples protagonistes : policiers, politiciens, gangsters, collégiens, dockers, journalistes… The Wire, l’objet-titre de la série, c’est le fil qui permet à une petite unité de la police de Baltimore de mettre sur écoute, au début de la première saison, les dealers d’une cité défavorisée de la ville. Une petite mise sur écoute confiée à des policiers sans moyens qui va peu à peu mettre à jour corruption, collusions, compromissions, et nous dévoiler les dessous d’une société américaine dans laquelle une grande partie de la population lutte chaque jour pour garder la tête hors de l’eau, chacun à sa manière. Ainsi, après une première saison plus particulièrement consacrée à une enquête qui révèle les imbrications d’un trafic de drogue qui semble au départ presque anecdotique, la série va proposer, sans dévier d’un long arc narratif qui fait son unité, des points de vue différents : les docks et le trafic d’êtres humains seront au centre de la saison 2, les élections municipales sont le thème central de la saison 3, tandis que l’éducation dans les quartiers les plus défavorisés est sous les projecteurs de la saison 4 ; la série s’achevant par une saison 5 dont le thème principal est le déclin de la presse écrite et la recherche du sensationnalisme.
On aura rarement vu série télévisée aussi ambitieuse. Soucieux d’éviter tout manichéisme, les auteurs proposent une fresque sociale quasi-documentaire et soulignent la difficulté qu’il peut y avoir à trouver une solution à la misère qui ronge une partie de l’Amérique. À ce titre, The Wire est une série profondément noire dans laquelle, alternativement, on se prendra de compassion ou d’antipathie pour les personnages dont certains, comme Jimmy Mc Nulty, Omar Little ou Stringer Bell sont destinés à demeurer des icônes de la télévision de qualité (oui, oui, ça existe) des années 2000.
Guettez un passage télé, téléchargez (légalement…) ou procurez-vous les DVD, ne lâchez surtout pas prise pendant les deux premiers épisodes (qui posent le décor lentement, sont presque dénués d’action et nous présentent d’entrée une grande quantité de personnages, mais qui sont essentiels) et vous embarquerez pour 60 épisodes et presque autant d’heures d’un voyage que vous ne serez pas prêts d’oublier.