Riposte, de David Albertyn

Publié le par Yan

Quatre personnages, deux jours et une vengeance. On peut dire qu’avec son premier roman David Albertyn a décidé de cocher toutes les cases du thriller « haletant ». Reste à voir si cela fonctionne.

Nous sommes donc à Las Vegas. Ce soir, Antoine Deco, jeune boxeur en pleine ascension et ancien membre de gang récemment sorti de prison doit monter sur le ring en première partie d’un combat plus prestigieux, mais il va affronter un adversaire redoutable face auquel on lui donne bien peu de chances de l’emporter. Hasard : le même jour, Tyron, ami d’enfance d’Antoine, revient tout juste d’Irak et va assister au combat. Hasard encore : Keenan, autre ami d’enfance devenu flic avant de devoir démissionner après avoir abattu un jeune noir, engendrant un fort mouvement de protestation de la communauté noire, vient d’être embauché par le casino dans lequel a lieu le combat d’Antoine et est justement chargé de veiller sur la sécurité de ce dernier. Hasard enfin : Naomi, la fille de la bande qui a épousé Keenan après avoir eu une relation avec Tyron, vient elle aussi voir le combat d’Antoine. Vous trouvez que ça fait beaucoup de hasards ? Vous avez sans doute raison. Et ça n’est que le début, parce que, on s’en doute très vite, Antoine Deco n’a pas pour seul objectif de gagner ce combat ingagnable, mais aussi l’accomplissement d’une vengeance dans laquelle ses anciens amis vont être entraînés bien malgré eux.

Alors on ne va pas dire le contraire, Riposte, dans son genre, est un polar extrêmement efficace, particulièrement bien rythmé, et qui contient même quelques beaux moments de bravoure, comme le combat de boxe d’Antoine Deco contre Kolya Konytsin. Mais, il faut aussi l’admettre, les ficelles sont bien grosses, les hasards bien nombreux et l’ensemble se révèle en fin de compte peu surprenant.

Quant à l’arrière-plan social et politique, autour des violences policières et du mouvement Black Lives Matter, s’il donne un peu d’épaisseur à l’ensemble, il n’est cependant qu’un élément annexe, le cœur du roman se trouvant être le plan mis en place par Antoine Deco et la manière dont ceux qu’il vise tentent de contre-attaquer. C’est-à-dire que ce qui intéresse avant tout Albertyn ici, est de maintenir le suspense et de dérouler toute une série de rebondissements plus ou moins crédibles jusqu’à la fin.

Efficace donc, Riposte satisfait aux canons du genre et David Albertyn démontre un vrai savoir-faire en matière de tension et rythme. On n’y cherchera cependant pas autre chose.  

David Albertyn, Riposte (Undercard, 2019), Harper Collins Noir, 2020. Traduit par Karine Lalechère. 284 p.

Publié dans Noir canadien

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