Tuez un salaud ! (Le Soviet, Tome I), de Colonel Durruti
Mars 1986, des affiches mauves fleurissent partout en France avec un message on ne peut plus clair :
« Où que vous soyez, qui que vous soyez, il y a un salaud qui vous empêche de vivre. Politicien, ecclésiastique, militaire, flic, patron, promoteur, fonctionnaire, douanier, chef de service, petit chef, huissier, contrôleur, bureaucrate, banquier, etc.
(liste non exhaustive).
Tuez-le.
Vous accomplirez un acte de salubrité publique. Vous réaliserez par la même occasion une œuvre d’art du plus haut niveau.
La campagne "TUEZ UN SALAUD" vous offre aussi la possibilité de satisfaire votre sens de l’altruisme. En tuant celui qui vous gêne, vous tuez aussi celui qui gêne les autres. »
Face au succès de la campagne, la police et les autorités sont vite débordées et le mystérieux Soviet qui en est à l’origine se joue d’elles avec un plaisir pervers.
Farce anarchisante débridée, Tuez un salaud !, premier tome des aventures du Soviet, est un incontestable plaisir de lecture. Si l’on imagine bien la valeur d’exutoire qu’il a pu avoir lors de sa parution en 1985 en même temps que la déception qui suivait de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 virait carrément à l’aigreur, on ne doute pas un instant que, dans un nouveau hoquet de l’Histoire, sa réédition tombe à point.
Foutraque, extravagant et caustique, le roman de Colonel Durruti (pseudonyme d’Yves Frémion et d’Emmanuel Jouanne) tient autant de la satire politique que de la caricature de roman d’espionnage. Il s’agit d’un jeu de massacre réjouissant dans lequel le lecteur prend un plaisir que ne doit avoir pour égal que celui qu’ont eux-mêmes pris les auteurs à l’écrire. Bref, c’est une belle bouffée d’air frais et l’on ne peut que louer les éditions Goater de s’être lancées dans la réédition des cinq volumes du Soviet.
Colonel Durruti, Tuez un salaud (Le Soviet. Tome I), Fleuve Noir, 1985. Rééd. Série Noire 1997. Rééd. Goater Noir, 2014.