À vol d’oiseau, de Craig Johnson
Huitième balade dans l’Ouest aux côtés de Walt Longmire, À vol d’oiseau signe le retour du shérif du comté d’Absaroka dans la réserve indienne quelques années après Little Bird, qui ouvrait la série. Parti à la recherche d’un lieu où organiser le mariage de sa fille, Longmire assiste avec son ami Henry Standing Bear à la mort d’une habitante de la réserve, Audrey Plain Feather qui vient de basculer d’une corniche avec son bébé dans les bras. Une fois l’enfant en sécurité, l’enquête va commencer, car les raisons de douter d’un suicide se multiplient. Mais, hors de sa juridiction, Longmire va devoir composer avec Lolo Long, jeune chef de la police tribale au caractère bien trempé et avec le FBI.
Outre la relation qui se noue entre la jeune et têtue policière et le vieux shérif blanchi sous le harnais qu’est Longmire, le grand intérêt de ce nouveau roman de Craig Johnson réside dans l’immersion qu’il propose dans la réserve indienne qui jouxte le comté d’Absaroka. Craig Johnson y montre un monde où, certes, les problèmes sociaux sont nombreux, dans lequel de vieilles rancœurs prennent racine, où l’horizon est bouché pour une grande partie de la jeunesse, mais il évite le misérabilisme auquel le sujet se prête souvent. Il y a aussi la solidarité, la débrouillardise, la volonté de continuer à vivre son identité et un humour, une autodérision, salutaires.
Pas besoin de grands discours pour peindre un monde dans sa complexité et sans jouer les donneurs de leçons où les monsieur je-sais-tout. Johnson se place dans la peau de Longmire, le narrateur qui dit ce qu’il voit, ce qu’il comprend, ce qu’on lui explique, mais qui n’est pas omniscient et même parfois mauvais juge de ce qu’il croit comprendre. Plus que l’enquête, classique whodunit ponctué de quelques rebondissements, c’est ça, ainsi que les dialogues vifs qui alternent un humour de bon aloi et les moments plus intimes qui font le prix d’À vol d’oiseau, épisode prenant et vivifiant d’une série sur laquelle l’usure n’a pour l’instant pas de prise.
Craig Johnson, À vol d’oiseau (As the Crow Flies, 2012), Gallmeister, 2016. Traduit par Sophie Aslanides. 356 p.
Du même auteur sur ce blog : Le camp des morts ; L'indien blanc ; Enfants de poussière ; Dark Horse ; Molosses ; Tous les démons sont ici ; Steamboat ; La dent du serpent ;