Les Brillants, de Marcus Sakey

Publié le par Yan

Premier volume d’une trilogie annoncée (le deuxième vient de sortir en Série Noire), Les Brillants est un thriller uchronique mettant en scène un héros tourmenté. Nick Cooper fait partie de ces personnes qui représentent 1% des naissances depuis 1980 et qui sont dotés de talents exacerbés. Certains sont des mathématiciens ou des économistes de génie, d’autres des artistes exceptionnels. Cooper, lui, a le don d’analyser les postures des personnes et d’anticiper ainsi les gestes qu’ils vont accomplir. Si les Brillants ont commencé par fasciner le monde, ils n’ont pas tardé à l’effrayer, en particulier à partir du moment où l’un d’entre eux s’est servi de son don pour s’enrichir en entraînant la chute du système économique mondial. Depuis lors, les Brillants sont surveillés et même, pour certains d’entre eux jugés éventuellement dangereux pour la société, pourchassés. Cooper, pour sa part, est un Brillant bien intégré. Au point d’avoir rejoint une unité d’élite chargée d’arrêter – parfois d’une manière définitive – les Brillants recherchés par le gouvernement. Sa principale cible est John Smith, chef d’un réseau terroriste.

Mais, on s’en doute, Nick Cooper va être amené à remettre en question sa mission et, plus généralement, ses certitudes. D’abord parce que sa fille est elle aussi une Brillante d’un niveau exceptionnel et que les autorités sont prêtes à la lui enlever, ensuite parce que sa traque de John Smith va le mettre face à une autre réalité.

Commençons par le dire clairement : il n’y a rien de bien original dans le roman de Marcus Sakey, allégorie sur la question de la différence et la peur de l’autre, surtout lorsqu’il vous renvoie à votre propre banalité. On a déjà lu ce genre d’histoire et l’on en lira certainement d’autres.

Ceci énoncé, il n’en demeure pas moins que Les Brillants est un roman efficace et prenant. Sakey joue intelligemment avec les doutes et les contradictions de ses personnages et réussit dans ce volume de mise en place à accrocher le lecteur. Certes, on a tôt fait de voir vers où tout cela nous mène, jusqu’à une fin de volume survitaminée, mais on se laisse promener avec un incontestable plaisir.

Pas aussi subversif que ce que d’aucuns peuvent laisser croire, le roman de Sakey reste toutefois un thriller intelligent qui allie une réelle réflexion – fut-elle parfois un peu simpliste – a une action parfaitement maîtrisée, et c’est déjà bien.

Marcus Sakey, Les Brillants (Brilliance, 2013), Gallimard, Série Noire, 2015. Rééd. Folio Policier, 2016. Traduit par Sébastien Raizer. 576 p.

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