World War Z, de Max Brooks
Après Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l’amour au printemps dernier, faisons un nouveau tour chez les zombies avec Max Brooks. À une différence près : la où S.G. Browne choisissait l’angle humoristique et de se placer dans la tête d’un zombie, Brooks présente une œuvre de science-fiction bien plus sérieuse de prime abord (ce qui n’exclut pas pour autant un humour du second degré de bon aloi) et du côté des humains.
World War Z prend la forme d’un rapport. Alors que le conflit contre les zombies a agité la planète pendant dix ans et que le monde est à se reconstruire sans que la menace soit complètement annihilée, l’auteur, en mission pour l’ONU, présente ici la version longue de ce rapport composé d’entretiens avec des acteurs de la guerre issus de tous les continents.
C’est cette forme qui confère tout son intérêt au livre et lui donne toute son ampleur. En nous amenant ainsi aux quatre coins du monde à différents moments du conflit, Max Brooks crée une histoire globale et un monde dont la crédibilité tient aux références et liens que l’on retrouve de témoignage en témoignage.
Construction habile, World War Z évite aussi l’écueil de la fastidieuse explication de l’apparition des zombies en évitant tout simplement d’en donner une. Ils sont là, le fait est acquis et la question est moins de savoir pourquoi que de savoir comment s’en débarrasser. Mais, surtout, plus que des zombies eux-mêmes, Brooks parle du monde dans lequel nous vivons et des conséquences des choix politiques, des conflits plus ou moins larvés, des rapports de forces actuels. Par bien des aspects, moins qu’un récit horrifique, World War Z est un roman d’anticipation, une dystopie imaginant ce qu’une catastrophe mondiale pourrait entrainer comme enchaînement d’événements.
Retranscrit avec conviction, avec la force – étonnante et qui peut nous faire poser des questions sur la valeur qu’on y accorde – du témoignage, tout cela crée un roman étonnant et prenant, une fresque politique et guerrière ample et foisonnante qui pour s’insérer dans la mode actuelle de la fiction à base de zombies n’en n’oublie pas moins de parler de notre monde. Un livre qui sans être un chef-d’œuvre se révèle bien plus intelligent qu’il peut en avoir l’air a priori.
Max Brooks, World War Z (World War Z, 2006), Calmann-Lévy, 2009. Rééd. Le Livre de Poche, 2010. Traduit par Patrick Imbert.
Merci à Judith Vernant pour le conseil de lecture.