Western culte : Lonesome Dove, épisode I, de Larry McMurtry
Une fois de plus les éditions Gallmeister ont su dénicher une perle. Il s’agit en l’occurrence d’un roman culte paru en France de manière assez confidentielle en 1990 malgré un prix Pulitzer et une flopée d’adaptations à la télévision dont une mini-série plus particulièrement tirée du roman avec, excusez du peu, Robert Duvall, Tommy Lee Jones, Danny Glover, Angelica Huston ou encore Steve Buscemi.
Ce roman culte de Larry McMurtry – par ailleurs scénariste du Secret de Brokeback Moutain – publié en 1985 met en scène une équipe de cow-boys qui décident de mener un troupeau de bétail du Texas au Montana.
Dans ce premier épisode, on découvre Augustus McCrae et Woodrow Call, deux anciens Texas Rangers qui végètent dans un ranch sur la frontière entre le Texas et le Mexique. Ici, à Lonesome Dove, en 1880, les temps héroïques semblent bien loin. Les Comanches ont été quasiment annihilés, les bandits mexicains sont encore là, mais les vols de bétails d’un côté ou de l’autre de la frontière tiennent dorénavant plus de la tradition locale que de la grande aventure. « Toi et moi, on trop bien fait notre boulot. Pour commencer, on a tué presque tous les gens qui faisaient l’intérêt du pays » résume Augustus en s’adressant à Call.
L’arrivée d’un vieux compagnon de route, Jake Spoon, et une allusion à la vie dans le Montana, va pourtant réveiller chez Call le désir d’aventure. Après avoir volé du bétail au Mexique et monté une équipe hétéroclite mêlant vieux briscards, jeunes cow-boys à la recherche d’une réputation, et même immigrés irlandais perdus dans le désert mexicain, les anciens Rangers vont donc faire route vers le Montana.
Il convient là d’avertir le lecteur : ce premier épisode de plus de 650 pages plante le décor. Il ne faut donc pas s’attendre encore à une accumulation de scènes épiques. Larry McMurtry s’attarde plutôt sur le déclin de cette génération qui a contribué à repousser toujours un peu plus au sud et à l’ouest la Frontière et qui supporte dorénavant la chaleur et l’ennui écrasants de Lonesome Dove. C’est l’occasion pour l’auteur de présenter l’ensemble des personnages, leurs échecs ou leurs gloires passés, leurs espoirs, leurs ambitions.
Il n’en demeure pas moins que le début de cette fresque imposante portée par une écriture magnifique et envoutante exhale déjà un souffle épique qui ne cesse de se renforcer tout au long du volume. Oubiés Gary Cooper et John Wayne. On est plus proche ici de Deadwood, de Méridien de sang ou de Crépuscule Sanglant. Les personnages sont frustes, si sales qu’Eli Wallach dans Le bon, la brute et le truand, passerait pour le bébé Cadum, et ont une vision pour le moins personnelle de ce que peut-être la loi. De raids nocturnes en tempêtes de sable, de périlleux et dantesques passages de gués en entrée en scène de comancheros ou de bandits de grands chemins, Larry McMurtry, après avoir fait en sorte que l’on s’attache à ses personnages, fait monter la pression et annonce le fracas que devrait être l’épisode II.
Bref, arrivé à la fin de ce volume, on est accro à ce grand western noir et, sans tarder, on se jette sur le suivant. Nous auront donc l’occasion d’en reparler sous peu.
Larry McMurtry, Lonesome Dove, épisode I, Gallmeister, collection Totem, 2011. Traduit par Richard Crevier.
Du même auteur sur ce blog : Lonesome Dove, épisode II ; Le Saloon des derniers mots doux ; La Marche du Mort ; Lune comanche ; Les rues de Laredo ;