Une affaire de trois jours, de Michael Kardos
Comme tous les ans, Will, Nolan, Jeffrey et Evans, anciens camarades de l’université de Princeton ayant eu des fortunes diverses doivent se retrouver le temps d’un week-end pour jouer au golf et se remémorer leur jeunesse étudiante. Cette année c’est chez Will, le narrateur, musicien et ingénieur du son dans une petite ville du New Jersey que les amis ont prévu de se voir. Mais dès le premier soir, Jeffrey, patron d’une start-up qui l’a rendu riche avant de le ruiner, entre dans un drugstore le temps d’un achat et en ressort avec la caissière que, sur un coup de tête, il vient de braquer et de kidnapper. Will et Nolan, candidat à un poste de sénateur dans le Missouri, se trouvent entraînés avec lui dans cette folie dans les jours qui vont suivre.
« Ça aurait pu ne pas arriver – l’enlèvement et tout ce qui s’est passé ensuite. C’est ce qui me navre le plus, même maintenant. » Une phrase d’ouverture qui en dit déjà long, à commencer par le fait que si les protagonistes sont tous issus de Princeton, ils n’en sont pas moins de sacrés crétins et que cette affaire ne les a d’évidence pas rendu plus intelligents. C’est sans doute là la plus grande faiblesse de ce roman : il est nécessaire d’accepter l’idée que les personnages que l’on a en face de soi sont des idiots et ont agi en conséquence.
S’il arrive à se soumettre à ce point de départ bancal, le lecteur peut alors se lancer dans ce huis-clos on ne peut plus classique dans lequel l’auteur se plaît à convoquer tous les éléments du genre. On trouvera donc les flashbacks qui viennent éclairer la personnalité des personnages, les vieilles rancœurs qui réapparaissent à l’occasion de ces longues heures d’enfermement, la tension qui monte, les explosions de violence, une pincée de syndrome de Stockholm et, bien entendu les ultimes rebondissements.
Michael Kardos, en fin de compte, fait le job. Il arrive à concocter un bon suspense qui a la grande qualité de ne pas s’éterniser (le tout est bouclé en 270 pages) et se révèle efficace et prenant. Rien de bien extraordinaire donc, mais un roman qui tient son rôle de divertissement sans grande ambition et arrive à maintenir la tension. Bref, un bon livre de plage, ni bien ni mal écrit dans lequel on ne cherchera rien d’autre qu’un moment de détente sans conséquences et qui sera aussi vite oublié qu’il aura été lu.
Michael Kardos, Une affaire de trois jours (The Three-Day Affair, 2012), Gallimard, Série Noire, 2014. Traduit de l’anglais par Sébastien Guillot.