Street fightin’ man : Le Cramé, de Jacques-Olivier Bosco
Gosta Murneau, dit le Cramé, est le chef d’un véritable commando de braqueurs de haut vol. Poursuivi par Fabiani, chef de l’Antigang, il finit par tomber dans un véritable guet-apens après avoir été balancé par un membre de sa bande.
Après une évasion spectaculaire, le Cramé est bien décidé à découvrir le nom de la balance. Mais pour cela, il n’a pas cinquante solutions. Il lui faut dégoter le dossier des flics. Ne reculant devant rien, Gosta va donc entreprendre d’infiltrer la maison poulaga. Là, il va se trouver confronté à une autre affaire qu’il va vouloir résoudre à tout prix…
Tirée par les cheveux, l’histoire du Cramé ? C’est peu de le dire. Recherché par toutes les polices de France, le Cramé roule en Porsche Cayman et loge dans un hôtel particulier sur l’île Saint-Louis, à deux pas du 36, quai des Orfèvres. Quant à sa manière d’infiltrer la police, rien de plus simple : après avoir subi une opération pour changer de visage, il enlève un flic nouvellement muté depuis la Nouvelle-Calédonie et se présente au boulot à sa place.
Et pourtant ça fonctionne. On prend plaisir à suivre le Cramé dans ses aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Ça pète, ça explose, ça saigne, ça tire dans tous les sens, les pneus crissent, on ne sait plus qui sont les gentils et les méchants – sauf peut-être les très méchants, qu’on reconnaît parce qu’ils ressemblent à Quasimodo ou qu’ils projètent de détruire le monde, ou pas loin, depuis leur chaise roulante –, et on s’en fout un peu d’ailleurs, puisqu’on attend juste le prochain déferlement de violence plus ou moins gratuite en se demandant juste quel sort le Cramé et son pote Lino réservent au prochain type qui se mettra en travers de leur chemin.
Le roman de Bosco est bourré de références cinématographiques, du polar français des années 70, avec Belmondo ou Delon, à Coppola ou Scorsese. Mais c’est surtout à John Woo qu’il fait penser – à Volte-Face bien sûr – pour ce côté grand-guignol, faisant fi de toute vraisemblance, et ces explosions de violence qu’on imagine bien, comme chez Woo, au ralenti.
Au total, si vous recherchez de la morale, une histoire crédible et que vous êtes attachés à la procédure policière, vous risquez d’être vite déçus. Si par contre vous voulez vous défouler, et prendre un plaisir – souvent coupable mais sans conséquences – à voir des types se faire torturer, dessouder, rectifier… ou à lire des comparaisons pour le moins originales (« son flingue tremblait de plus en plus, au moins deux fois plus vite que le dernier vibromasseur d’Amanda Lear »), Le Cramé est pour vous.
Il n’y a pas à dire, parfois ça fait du bien.
Jacques-Olivier Bosco, Le Cramé, Éditions Jigal, 2011.