Rétrospective Parker (6) : Rien dans le coffre

Publié le par Yan

             book_cover_rien_dans_le_coffre_175953_250_400.jpgJoe Sheer, le vieux complice de Parker, le retraité qui lui sert de boîte aux lettres, est mort. Parker aimerait bien savoir de quoi et, surtout, si Sheer a eu l’occasion de parler de lui à qui que ce soit avant de mourir. Et, de toute évidence, quelque chose se trame dans la petite ville de Sagamore, Nebraska, où Sheer s’était retiré. Dès son arrivée Parker est pris en filature par le sheriff et tombe nez à nez avec Adolph Tiftus, un truand qu’il ne porte pas dans son cœur : « Avec sa gueule de faux jeton, ridée comme un cul de singe, il avait l’air d’un racoleur, ou d’un marchand de tuyaux crevés qu’on voit draguer aux alentours des champs de courses. Il n’en avait pas que l’air : c’était exactement ce qu’il était ».

 

                Rien dans le coffre apparaît comme un épisode charnière de la série de romans de Richard Stark. Pas de braquage ici, mais des parasites à la recherche d’un hypothétique magot qui n’existe que dans leur imagination (le titre français est clair sur ce point). Pas de complices non plus, sinon ce sheriff qui veut obliger Parker à l’aider dans sa quête d’un mirage.

                Isolé dans un patelin paumé qui n’est pas sans rappeler par certain aspects (le flic pourri et retors qui tient dans sa main les notables du coin) les petites villes de Jim Thompson, Parker se trouve dans une situation où il doit avant tout veiller à ce que sa nouvelle identité ne puisse être dévoilée. C’est l’occasion pour Stark de montrer à quel point, lorsqu’il se trouve acculé à user de violence, le Parker que l’on a pu voir parfois naïf dans les épisodes précédents, ne recule devant rien. Les deux scènes dans lesquelles il laisse libre cours à cette violence, sont très brèves et décrites aussi froidement que possible mais particulièrement évocatrices : il n’y a là aucun sentiment, seulement un instinct de défense animal.

 

                Bien entendu, malgré ses talents d’improvisation dans une situation-piège, Parker reste un humain qui peut faire des erreurs. Ici, le volume se termine par ce constat. Après quasiment 250 pages où Stark entretient parfaitement le suspense et les coups de théâtre, on en reviendra presque au point de départ. Parker sera de nouveau acculé, mais d’une autre manière. Ce qui laisse présager d’un prochain épisode tendu où il devra recommencer à zéro et, sans doute, une fois de plus, faire confiance à des personnes qui ne le méritent sans doute pas… avec les conséquences habituelles.  

 

Richard Stark, Rien dans le coffre, Gallimard, Série Noire, 1966. Traduit par Noël Chassériau.

 

Du même auteur sur ce blog : Comme une fleur ; Peau neuve ; La clique ; Pour l’amour de l’or ; En coupe réglée ; Sous pression ; Le septième homme ; Travail aux pièces ; La demoiselle ; Le divan indiscret ; Blanc-bleu noir ; La dame ; Un petit coup de vinaigre ; L'oiseau noir ; Planque à Luna-Park ; Les citrons ne mentent jamais ; Le défoncé ; Portraits gratis ; Signé Parker ; Comeback ; Backflash ; Flashfire ; Firebreak ; Breakout ; À bout de course! ; Demandez au perroquet ; Argent sale.

Publié dans Noir américain

Commenter cet article