Rétrospective Parker (24) : Firebreak
« Quand le téléphone sonna, Parker était dans le garage, il tuait un homme ». Par cette phrase d’ouverture, Richard Stark nous rappelle une chose essentielle : si Parker est un truand de haut vol, il n’en demeure pas moins un homme comme les autres, dont le téléphone sonne quand il est dans son bain ou quand il tue un homme.
Meurtres et lignes téléphoniques seront au centre de l’intrigue de ce nouvel épisode dans lequel Parker est contacté par d’anciens complices pour cambrioler dans le Montana la propriété de chasse d’un magnat de l’internet. Une opération compliquée nécessitant l’intervention d’un demi-sel mal dans sa peau spécialiste de l’électronique et de l’informatique, et ralentie par le fait que quelqu’un cherche par ailleurs à éliminer Parker.
Richard Stark choisit donc de mettre une fois de plus son héros à l’épreuve en le poussant à affronter plusieurs situations dérangeantes ou périlleuse dans tout le Nord des États-Unis, de sa maison de Culliver Pond jusqu’au Montana en passant par l’Illinois, Newark et New-York. Une pression accentuée par le fait que le coup doit être effectué avant une date buttoir proche et que Parker doit faire la lumière sur l’identité de la personne qui a commandité son meurtre. Stark multiplie donc les grains de sable qui viennent gripper l’engrenage du coup, passant en revue tous les problèmes susceptibles de se poser : un complice nerveux, d’anciens ennemis ressurgis du passé (et plus précisément de 1969 dans Un petit coup de vinaigre), des flics qui se trouvent au mauvais endroit et au mauvais moment, des types qui auraient dû être hors du coup mais qui s’y mêlent au dernier moment.
Cela donne au final un roman sans temps morts, nerveux et froid comme sait les écrire Richard Stark. On regrettera peut-être que, malgré son omniprésence, Parker ne soit pas vraiment là, cédant la place à des personnages qui, pour être intéressants n’en sont pas moins secondaires, et aux situations dans lesquelles il n’est finalement souvent qu’un pion. Un pion d’une redoutable efficacité, certes, mais qui ressemble parfois plus à Jason Bourne qu’à Parker.
Il n’en demeure pas moins que l’on prend un plaisir certain à cette lecture et en particulier à certaines scènes d’une ironie subtile qui en appellent à la mythologie parkerienne, en particulier cet interrogatoire d’un membre du crime organisé chargé d’appeler son patron qui n’est bien sûr pas sans rappeler les péripéties du premier épisode de la série, Comme une fleur.
Richard Stark, Firebreak (Firebreak, 2001), Rivages/Thriller, 2005. Rééd. Rivages/Noir, 2008. Traduit par Marie-Caroline Aubert.
Du même auteur sur ce blog : Comme une fleur ; Peau neuve ; Pour l’amour de l’or ; La clique ; En coupe réglée ; Rien dans le coffre ; Sous pression ; Le septième homme ; Travail aux pièces ; La demoiselle ; Le divan indiscret ; Blanc-bleu noir ; La dame ; Un petit coup de vinaigre ; L'oiseau noir ; Planque à Luna-Park ; Les citrons ne mentent jamais ; Le défoncé ; Portraits gratis ; Signé Parker ; Comeback ; Backflash ; Flashfire ; Breakout ; À bout de course! ; Demandez au perroquet ; Argent sale.