Rétrospective Parker (23) : Flashfire
Si le lecteur a compris depuis longtemps qu’il vaut mieux éviter de devoir de l’argent à Parker, ce n’est pas le cas de ses trois complices sur le coup qu’ils viennent de réussir. Certes, ils n’envisagent pas de l’éliminer pour garder sa part. Ils ont seulement omis de lui dire que ce coup devait servir à en financer un autre, plus gros. Mais Parker n’a aucune envie d’investir et veut garder sa part. Alors, bien sûr, quand les trois autres lui laissent quelques billets et lui annoncent qu’ils lui empruntent sa part, il n’a plus qu’une idée en tête : les retrouver, les tuer, et récupérer son argent avec les intérêts.
Richard Stark joue donc ici sur la variation autour du thème habituel du gros coup. Ce n’est pas la planification du grand braquage qui est ici mise en avant, mais les préparatifs de Parker pour récupérer son argent après que ses anciens acolytes auront mis leur propre plan à exécution. Et, une fois n’est pas coutume, les grains de sables s’accumulent dans les engrenages qui doivent entraîner Parker jusqu’à son argent : la trahison initiales de ses complices, un fabriquant de faux papiers en bisbille avec un client qui voudrait qui tous ceux qui connaissent sa nouvelle identité disparaissent, un flic malin, une femme agent immobilier un peu trop curieuse… et tout cela à Palm Beach, réserve naturelle de millionnaires oisifs mieux protégés que l’or de Fort Knox.
A priori, donc, voici réunis tous les ingrédients qui peuvent faire le charme de la série avec, qui plus est, en arrière-fond, un clin d’œil appuyé au tout premier épisode, Comme une fleur, dans lequel Parker, trahi par ses complices, cherchait à récupérer son argent coûte que coûte. Et, pour changer des habituels coups dans des villes moyennes au fin fond des États-Unis, le décor inhabituel de Palm Beach où Stark prend visiblement un plaisir westlakien à décrire les mœurs locales.
Mais peut-être est-ce finalement trop. Trop de détachement de l’auteur qui se laisse plus que de coutume aller à l’humour, trop de péripéties qui, plus que s’enchaîner finissent par s’accumuler. L’intrigue parfaitement huilée au départ tend à s’éparpiller et à perdre en crédibilité, en particulier dans sa scène finale.
Si on referme ce roman avec un sentiment d’inachevé ou, du moins, avec l’impression de n’avoir pas vraiment lu un roman de Richard Stark ni un roman de Westlake, il n’en demeure pas moins que l’on a passé un agréable moment avec deux cents pages menées à un train d’enfer et, bien entendu, des scènes de vol tirées au cordeau. Après tout, demande-t-on vraiment plus ? Car, on ne le répètera sans doute jamais assez, le plus faible des romans mettant en scène Parker plane de toute façon loin au-dessus de la plus grande partie de la production de polars.
Richard Stark, Flashfire (Flashfire, 2000), Rivages/Thriller, 2004. Rééd. Rivages/Noir, 2005. Traduit par Marie-Caroline Aubert.
Du même auteur sur ce blog : Comme une fleur ; Peau neuve ; Pour l’amour de l’or ; La clique ; En coupe réglée ; Rien dans le coffre ; Sous pression ; Le septième homme ; Travail aux pièces ; La demoiselle ; Le divan indiscret ; Blanc-bleu noir ; La dame ; Un petit coup de vinaigre ; L'oiseau noir ; Planque à Luna-Park ; Les citrons ne mentent jamais ; Le défoncé ; Portraits gratis ; Signé Parker ; Comeback ; Backflash ; Firebreak ; Breakout ; À bout de course! ; Demandez au perroquet ; Argent sale.