Rétrospective Parker (18) : Le défoncé
Cela faisait décidément un bon moment que l’on n’avait pas vu Parker réussir un coup. Cette fois, tout se passe au mieux et les braqueurs repartent avec la recette d’un concert géant. Sauf qu’à l’arrivée ils retrouvent le vieux brigand qui avait renoncé au dernier moment à les accompagner assassiné. De retour chez lui, dans la maison que Claire, sa compagne, vient d’acheter, Parker s’aperçoit vite que quelque chose cloche. Il semblerait que quelqu’un élimine d’une manière particulièrement cruelle les participants au braquage de la salle de concerts.
On avait déjà relevé, dans Blanc-bleu noir, combien Claire participait de l’humanisation de Parker autant qu’elle pouvait devenir un point faible pour lui. Prise en otage une première fois par des personnages qui obéissaient cependant à des règles strictes, elle se retrouve ici, alors que Parker est parti pour tenter de faire la lumière sur la mort de ses complices, entre les mains de deux malades dont la violence n’a pas de limites.
En mettant en scène cette situation, Stark nous montre que si Parker peut avoir des attaches et des sentiments, il n’en demeure pas moins une créature à sang-froid qui refuse le statut de victime. Une fois encore, alors que ses poursuivants voient en lui une proie, il a tôt fait de devenir le chasseur.
Après une bonne cinquantaine de pages consacrées au braquage, dont le luxe de détails se révèle comme toujours étonnant et passionnant, Stark ramasse son intrigue principale en une centaine de pages dans lesquelles il réussit à instiller une tension remarquable qui va crescendo jusqu’à une scène de meurtre terrifiante digne d’un film de Tobe Hooper, avant de lancer une traque là encore millimétrée et qui maintient jusqu’au dénouement final un suspense savamment dosé.
Avec une écriture toujours dépouillée, sans effets de manche tape-à-l’œil, Stark nous sert un roman d’action très cinématographique, tendu et d’une efficacité redoutable. Un des très bons épisodes de la série.
Richard Stark, Le défoncé (Deadly Edge, 1971), Gallimard, Série Noire, 1971. Rééd. Carré Noir, 1974 (Parker sonne l’hallali). Traduit par S. Hilling.
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