Rétrospective Parker (13) : La dame (une aventure de Grofield)
Deuxième roman de Richard Stark consacré à Alan Grofield, le comédien-braqueur, La dame place une nouvelle fois le héros dans une situation qui le dépasse. Déjà, dans La demoiselle, Grofield se trouvait entraîné à son corps défendant dans une sombre histoire de tentative d’assassinat politique. Ici, il se rend à Porto Rico où, semble-t-il, une riche dame aurait un travail à lui confier. Le job s’avère pourtant vite décevant, puisque la dame en question recherche avant tout un garde du corps, et Grofield le refuse. Il se trouve toutefois rapidement dans une situation délicate puisque, durant la nuit qu’il se voit obligé de passer dans la maison de sa commanditaire éconduite, celle-ci est assassinée. Or, elle était aussi la femme d’un caïd du crime organisé qui entend bien trouver le coupable. Et le coupable idéal, bien entendu, n’est autre que Grofield.
Piégé par sa curiosité, Grofield se trouve donc une nouvelle fois dans une situation délicate. Cela donne l’occasion à Richard Stark de nous procurer dans le premier quart ou tiers du roman une amusante excursion vers le whodunit. Ouvertement soupçonné par l’époux de la victime, Grofield réussit à le convaincre de le laisser prouver son innocence en démasquant le véritable coupable. Tous les occupants de la maison vont donc avoir droit au feu des questions de Grofield et à l’exposition de ses théories que, en bon acteur cabotin il se plaît à dérouler de manière spectaculaire. Mais ce moment d’amusement qui nous arrache quelques sourires doit avoir une fin.
Bien entendu, Grofield ne démasque personne et reste le principal suspect. Place donc pour la suite du roman à l’autre facette du héros, plus fidèle au style de Richard Stark, avec une fuite éperdue entre la jungle portoricaine et la capitale de l’île, San Juan, durant laquelle Grofield redevient le professionnel qui allie sang froid et capacité d’improvisation.
En fin de compte, si le moment passé avec Grofield ne s’avère pas désagréable, il souffre dans l’ensemble des mêmes défauts que La demoiselle. Certes, il bénéficie, par rapport au roman précédent, d’une intrigue plus claire, mais il ne réussit jamais vraiment à retenir notre attention. Trop amusant pour être un bon Richard Stark, pas assez pour être un bon Westlake, il pâtit de cet entre-deux bâtard. Et comme la précédente aventure de Grofield, le petit plaisir pris à cette lecture s’estompe rapidement. Et on l’oublie.
Richard Stark, La dame (The dame, 1969), Rivages/Noir, 1993. Traduit par Marie-Caroline Aubert.
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