Pointu : le numéro 111 de 813
La mue amorcée de puis quelques temps par la revue 813 continue. Les rubriques régulières s’installent (feuilleton, portraits de personnages - avec dans ce numéro Varg Veum, le héros de Gunnar Staalesen - , bande dessinée, cinéma avec un article consacré au Bronx, playlist d’un auteur, ici Pouy) et les divers articles et interviews, bien qu’éclairants et éveillant la curiosité du lecteur, savent rester pointus.
Pierre Pelot ouvre le bal avec un article consacré au trop méconnu Daniel Woodrell et à ses romans consacrés aux rednecks, de la Louisiane aux monts Ozarks. Une œuvre singulière et sombre sublimée au cinéma par l’adaptation de Winter’s Bones dont on espère qu’elle aura eu pour effet de faire découvrir Woodrell à un plus large public.
L’autre gros morceau, c’est bien entendu l’interview de David Vann menée par Corinne Naidet et Hervé Delouche. On pouvait craindre, après le long passage de Vann en France et la multitude d’interviews qu’il a accordées (et qui ont été quasi immédiatement été mises en ligne), que celle-ci n’apparaisse plus que comme un alignement de questions/réponses mille fois lues par ailleurs. Une inquiétude qui n’a finalement pas lieu d’être puisque c’est une interview érudite et inédite qui nous est ici proposée. Un bon moment de lecture.
813 élargit aussi le prisme pour s’intéresser au travail des traducteurs. Olivier Hamilton, traducteur de l’argentin Leonardo Oyola, nous explique comment son travail dépasse de loin le simple exercice de version et nécessite une véritable immersion dans le pays et la peau de l’auteur. On rencontrera aussi David Grann, auteur de livres consacrés à des faits divers qui explique comment sa littérature se nourrit aussi du polar et du roman noir là où l’on a souvent l’impression que le chemin à un sens inverse et unique. On s’intéressera par ailleurs avec Patrick Pécherot à André Soudy, benjamin de la Bande à Bonnot, et au travail documentaire et sur la langue fait par l’auteur de L’homme à la carabine.
Et bien entendu, l’admirateur inconditionnel ne peut que hurler de plaisir à la lecture d’un article consacré à Tim Dorsey, tout en pleurant de rage et de frustration en s’apercevant qu’il ne fait que deux pages. Mais comme il est écrit par Christophe Dupuis, nous passerons l’éponge.
Signalons enfin une nouvelle bien fichue et à la conclusion noire et jubilatoire sous la plume de Samuel Flageul, auteur que je ne connaissais pas jusqu’alors mais qu’il sera sans doute intéressant de suivre.
Bref, une revue qui respecte l’équilibre entre auteurs à succès, découvertes et mise en lumière d’auteurs mal connus, érudition et vulgarisation… une belle réalisation.
813, n° 111, novembre 2011.
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